#8 JDB

Je reprends enfin. J’ouvre de nouveau les yeux.

Dans une immobilité introspective, je n’osais plus écrire.

J’avais peur. Si peur.

Ce projet devient bien trop réel. Plus j’avance, plus je me rends compte que je vais le faire. Vertigineux.

Passive, j’ai douté.

C’est dans la tétanie que j’ai avancée.

Pourquoi partir ? Est-ce le bon moment ?

Il est temps pour moi de mettre des mots sur ce que j’ai trop longtemps évité de nommer.

Pourquoi partir ?

Pour répondre à cette question, je dois vous faire part de réflexions personnelles.

J’ai l’impression qu’aujourd’hui les failles sont valorisées. On entend de plus en plus parler de santé mentale.
Pourtant, elle n’est abordée qu’une fois vaincue.
Comme si on pouvait assumer ses fragilités seulement une fois qu’elles ne le sont plus.

Je suis bipolaire.

J’ai vécu une dépression et n’en suis pas totalement sortie.

C’est la première fois que je l’écris, car oui, j’en ai honte (et j’ai honte d’en avoir honte.). J’aimerais paraître comme quelqu’un de forte. J’aimerais pouvoir crier haut et fort que je vais réussir à entreprendre les défis que je me lance.

Pourtant, je passe mon temps à douter.

Je me rends compte que ce sont ces doutes justement qui font le cœur de mon projet.

Quand je sombre, me lever, marcher, m’alimenter, discuter deviennent une montagne à gravir.

Comment s’imaginer partir à l’aventure quand on rêve de retourner dormir à peine levé ?

Même quand tout est sombre une envie persiste, c’est l’envie d’avoir envie.

Il y a un an, c’était mon premier voyage solo d’une semaine qui m’a redonné de la joie de vivre. Forcé de me prendre en main, j’ai retrouvé les plaisirs du quotidien.

Pourquoi partir ?

Je veux expérimenter le voyage long. Quoi qu’il arrive, je sais qu’au fond de moi, j’aime pédaler. Je veux pendant un temps me couper des distractions et charges mentales extérieures pour me concentrer sur l’essentiel. Continuer d’avancer malgré la maladie.

L’incertitude est au cœur de cette aventure et c’est justement son intérêt. Quoi qu’il arrive, il en ressortira quelque chose.

Aujourd’hui, je veux et me sens capable de partir.

PS:  N’ayons pas peur de l’incertitude !

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