La fraispillère
Je suis encore de corvée. La seule à me retrouver au sol. À trimer jusqu’à en perdre mes cheveux. Mes collègues pourraient me remplacer. Mais non, elles se terrent au fond du placard profitant de ma jeunesse. Il est temps pour moi de voir plus grand. Au milieu du groupe, je prends des gants pour leur annoncer mon retrait. Elles m’annoncent alors qu’elles m’ont déjà remplacée. Vexée, je mène mon enquête à la découverte de son identité. UNE FRAISE ! UNE FRAISE qui s’invente serpillère. Je reste un temps pour l’observer. Elle fait de son mieux. Un bleu qui en veut. Pourrait-elle finalement accomplir sa tâche ? Une odeur me coupe de mes pensées accompagnées d’une chaleur insoutenable. LE FEU. La maison brûle.
J’accours près de ma famille. Ils sont finalement le tout pour moi. Je cours, je rampe, je glisse. Il est trop tard, coincées dans le placard. Il ne reste que des bouts de leurs chevelures. Anéantie, je m’évanouis. Je m’enfonce dans un nouvel imaginaire. Je suis alors différente. Toujours de bois certes mais cette fois accrochée à un cerf. À travers un miroir, il me regarde. Il m’admire. Je me sens enfin valorisée. Mais il n’en décolle pas. Je veux pourtant aller découvrir le monde. Je lui parle. Il ne m’écoute pas. J’hausse le ton et lui passe un savon. Il se déplace. J’ai enfin trouvé ma place ! Un pas, deux pas, trois pas. Le monde est à moi. Il se stop. Avance-lui dis-je. Il commence à brouter de la menthe. Il avance de nouveau et tourne en rond. Tout ce voyage pour ça ? De toutes mes forces, je tente de m’enfuir. CRAC. Un espoir. CRAC. Encore une fois. CRAAAAAC. J’y ai laissé une partie de moi mais je suis libre. Le cerf brame de toutes ses forces et me piétine. Je m’évanouis. Je suis maintenant dans une assiette coincée entre couteau et fourchette. Je ne suis maintenant que déco. Que vois-je à l’autre bout de la table ? FRAISE ! Je rage. J’esquive quatre quart et bœuf et lui saute dessus. Je l’écrase jusqu’à ce qu’elle gise dans un bain de coulis.