Et si…
Deux mots aux prémisses de cette aventure.
Et si, je roulais jusqu’au nord ? À force d’en rire, l’idée finit par mûrir. Pourquoi pas ? Mais d’abord, pourquoi partir ?
Je rêve du temps.
D’avancer, certes mais surtout de m’arrêter.
De contempler.
Partir avec l’essentiel. Seule. Avec soi-même.
Apprendre à se connaître. Sortir de sa zone de confort. Ouvrir les yeux.
Faire face aux intempéries.
Je veux vagabonder. Garder le cap tout en me perdant dans mes pensées.
Alors que le voyage a déjà commencé par projections, il est temps pour moi de cheminer.
— PROJECTIONS —
Le voyage se terminera quand il aura fait son temps. Toute finalité n’est que projections irréalistes. Des projections qui ont le rôle essentiel de moteur. Elles propulsent vers une destination qu’elle, soit-elle.
— LE PROJET —
Lieu de départ : Nantes, France
Lieu d’arrivée : ND
Nombre de kilomètres : de 0 à 4700 km
Moyen de transport : En monocycle
Je ne sais pas où je vais, mais je fais le choix d’y aller.
Tout ça pour dire que je projette d’aller en Laponie en Monocycle. Rouler au Nord jusqu’à ne plus pouvoir.
- One shot de nomatitude
En partant, j’étais persuadé de ne pas avoir l’âme d’une voyageuse. Je me sentais sédentaire.
Je parle au passé.
Depuis que j’ai goûté au voyage, goûté à l’émerveillement de chaque instant, ma vision a radicalement basculé. J’ai un besoin de liberté que la nomatitude m’offre avec cependant l’intuition que même dans la sédentarité, il est possible de rester mentalement nomade. L’évasion par l’imaginaire. - Les premiers coups de pédale
Depuis le premier jour, une chose reste inchangée. Excepté juste après mon entorse, les premiers coups de pédale provoquent, un instant, un niveau de bonheur inégalable, une respiration, un envol. Après quelques jours de pause à marcher, j’enfourche de nouveau Ulu. Et là, la surprise ! Je retrouve instantanément cette sensation que j’avais déjà oubliée.
- Crocriture de bord de mer
05/07 17h44, Moskenes, Norway
Le gris. Le froid. J’observe. La mer à perte de vue. Elle n’est pas uniforme, ni en couleurs, ni en texture. Les trois quarts sont actifs, proche du gris. Des micro-vagues dans des micro-vagues formées par le vent. Des bandes bleu ciel viennent rajouter du contraste. Elles sont beaucoup plus lisses et apaisantes. La ligne d’horizon est ce qu’il y a de plus foncé. Quatre points blancs posés dessus attirent l’œil : des bateaux.
En se concentrant, des détails apparaissent : des mats. Plus proche sur ma droite, un bateau de pêche. On distingue clairement la coque rouge de son bateau et son grand filet noir pendu d’un côté. Derrière cette ligne d’horizon, différents nuages en camaïeux de gris s’accumulent. Collé à cette ligne, de grosses masses bleu-noir avec une nette découpe : les montagnes. On distingue le premier pic très distinctement. Juste derrière à sa gauche, un deuxième pic plus pâle et plus flou pris dans les nuages. Juste devant, un bateau à moteur vient d’apparaître. Deux ou trois personnes dedans se distinguent. En attendant, le bateau de pêcheurs a pivoté de 180°. Au premier plan, des rochers. Les plus proches de la mer sont recouverts d’algues. Un oiseau de petite taille avec les ailes du dos noir et le ventre blanc ainsi qu’un long bec orange ressemblant à celui d’une cigogne semble chasser. Il a déjà disparu. Le ciel est de plus en plus menaçant. Un bateau à moteur d’un blanc éblouissant laisse une traînée distinguable. À gauche, une chaîne de montagnes. Plus les pics se rapprochent de la mer, plus ils deviennent nets et boisés. Sur un des pics au loin, de la neige. Le bateau de pêcheurs s’est encore tourné. Une route longe le massif de montagne. Personne. Au bout de la route, un tube gris sort de la montagne. Un tunnel. Au niveau de la pointe, le toit de quelques camping-cars apparaît. À droite, le ferry pour Bodø rentre à Moskenes. Il est encore loin. Reconnaissable par sa coque bleue. Cette fois, ni orques ni marsouins, ni orque en vue. Le bateau de pêcheur me tourne maintenant le dos.05/07 17h44, Moskenes, Norway
- Crocris du port
06/07 17h06 Moskenes
Une terrasse en bois construite à base de palettes. Une table basse ronde en plastique noir. Un carnet. Une tasse de café. Juste devant, un étendue de pierre et de terres. Au milieu de travaux. Entourée de maisons en construction. De gros cailloux s’entassent pour former une digue. Derrière, la mer. Juste en face, une zone industrielle qui accueille le passage de deux ferries. Une bouée rouge, ronde est seule au milieu de cette étendue. Proche sans être collés au quai, deux vieux bateaux de pêche en bois et blanc. Sur l’un, un canot. Comme d’habitude, des montagnes à vue. Entre deux petites bosses entièrement boisées, une vieille église en bois blanche. Le long du port, des petites maisons de bois typiques rouges et oranges industrielles. L’eau est calme et uniforme. Un mouvement linéaire et uniforme de gauche à droite. Un ferry arrive et parcourt le calme avec un filet blanc.
- Loin de toi j’ai peur.
06/07 12h21, Å, Norway
Loin de toi j’ai peur.
Mise à nue.
Le temps me tue
Je regarde tourner l’heureLoin de toi j’ai peur
Te perdre
Me perdre
Je regarde tourner l’heureLoin de toi j’ai peur.
J’attends de te retrouver
Pour me laisser de nouveau rêver
Je regarde tourner l’heureLoin de toi j’ai peur
J’ai honte de t’avoir oublié
Un instant mentalement effacé
Je regarde tourner l’heureL’ennuie
Sans fin au fond d’un puit
Tu n’es pourtant qu’un objet
Le début de multiples projets - Vertige
04/07 18h55, Reine, Norway
J’ai toujours eu cette peur maladive du vide accompagnée de la sensation de m’y sentir attiré. J’ai appris à dompter ces sensations et à prendre sur moi au fil des années, mais ça me paralyse encore beaucoup.
Ici, en Norvège, ça donne envie de prendre de la hauteur. Alors, je suis un chemin sans me poser de questions et quand il commence à être difficile et vertigineux, je me dis que je ne suis plus si loin de mon but. Je ne regarde pas en bas. J’évite de me projeter. Je me concentre juste sur mes mouvements du moment. Quand je me surprends à regarder où j’en suis, j’angoisse et les sensations paralysantes montent, mais je n’ai pas le choix, je continue. Une fois arrivée, je me rends compte de ce que j’ai et ne pensais jamais accomplir. La pression redescend et je profite du shot d’adrénaline que j’ai ressenti avec ces sensations qui parcourent tout mon corps.
Mon vertige et ma peur du vide me permettent de ressentir tout ça avec un rien. - S’arrêter
04/07 18h55, Reine, Norway
J’ai trouvé mon rythme. Je roule et m’arrête quand je sens que c’est le moment. Je débute mes journées et les terminent tôt. Je contemple, profite, prend le temps de marcher, de cuisiner, de lire, d’écrire. J’ai trouvé mon tempo entre mouvement et stabilité.
Le monocycle est par nature un apprivoisement et une acceptation du déséquilibre. Créer un équilibre dans l’instabilité et rester en mouvement, voilà ce que m’apprend Ulu à chaque instant.
Après plus de 100 jours, ce mode de vie deviens une addiction. Un besoin vital.
Alors comment accepter ce changement brutal ?
Je fais tout pour m’arrêter en douceur, petit à petit mais je ne peux rien y faire à ce qui marque cette fin de projet. Une rupture. Mon corps s’effondre, relâche. Je sens que j’ai besoin de repos. Je m’aperçois soudainement de toutes les douleurs qui se sont accumulés.
Alors je dors, prend mon temps, et essaye de calmer la partie de moi révoltée qui ne souhaite qu’une chose: bouger.Je pense que le statisme me replonge dans de noirs souvenir. Quand mon mental m’empêchait de bouger. Quand dormir était mon seul réconfort.
J’essaye de me faire comprendre qu’être fatiguée et avoir besoin de repos n’est pas signe de rechute.
Accepter de souffler pour me recharger et repartir de plus belle : en mouvement ! - Tout perdre
04/07 18h18, Reine, Norway
Pendant mon voyage, j’ai collecté beaucoup de matière écrite et audio. Mon carnet et mon enregistreur sont ce que j’ai de plus précieux (Je vais même oser dire : plus qu’Ulu).
J’ai enchaîné les difficultés, mais ce qui m’angoisse le plus, c’est de perdre ces deux objets. Comme s’ils étaient la seule trace de mon voyage. Comme si sans eux, rien de tout cela n’a existé.
Je sais que si cela m’arrive, cela fait partie de mon aventure. Comme les autres aléas, je devrais l’accepter.
Une partie de mon vécu est contenue dans ces deux objets, mais l’essentiel est dans ma tête (et même si je finis par l’oublier).
J’ai hâte de transformer toute cette matière pour voyager de nouveau, mais si je ne le peux pas, peu importe. - Écorné
01/07 23h57, Moskenes, Norway
Tu m’accompagnes partout. Les lettres s’enchaînent, s’accumulent avec ou sans sens. Sous des regards interloqués, tes pages noircissent. Avec moi partout, tout le temps, tu vis, tu me fais vivre. Tâche de café, de bière, d’humidité, d’herbe, tu en vois de toutes les couleurs. Ta couverture se ride, tes pages se corne, ton élastique a lâché. Parfois même tu te déchires.
Sillonner l’Europe avec moi te marque. C’est ce qui fait de toi mon bien le plus précieux. Par peur de laisser la trace de trop, j’écris au plus petit et serré. Arrivée à Å, il me reste autant de pages Blanche que noirci.
Je voulais qu’on puisse partager notre histoire le plus longtemps possible. Peut-être que tu me survivras. Peut-être que ce n’est pas moi qui t’accompagnera jusqu’à la fin. Peut-être que tu garderas toujours du blanc en toi. Éternellement inachevé, prêt à partir de nouveau à l’aventure avec ou sans moi. - Ai-je retrouvé le nord ?
01/07 23h26, Moskenes, Norway
Je voulais rouler jusqu’à retrouver le nord. Apprendre à me gérer. Me sentir chez moi partout.
Sincèrement c’est dès la première semaine que j’ai ressenti cette équilibre intérieur se construire.
Je crois que mon voyage a consisté et consiste encore à assumer d’être totalement à l’Ouest. Ne pas chercher à me conformer. Expérimenter. Assumer d’être totalement barré. - Créer sa boucle intemporelle
01/07 23h26, Moskenes, Norway
Nous sommes le 18 mars je viens de partir.
Comment ça on est le 1er juillet ? Comment ça je suis déjà arrivé ?
Je suis parti hier, pourtant il s’est passé tellement de choses. J’ai l’impression que des années sont passées depuis mes premiers souvenirs.
Mais elles sont passées si vite ces années !
Comment mettre un point final quand pour la première fois on goûte au bonheur et à la liberté ? Quand chaque instant, même les plus difficiles et ennuyeux est libérateur ?
J’aimerais vivre et revivre ma quête du Nord sans cesse. Me retrouver dans une boucle intemporelle. Revivre infiniment tous ces moments comme si je les vivais pour la première fois.
N’est-ce pas juste se plonger dans ses souvenirs ? Voyager dans sa bibliothèque mémorielle ? - Nuage ou brouillard ?
01/07 23h01, Moskenes, Norway
En voyant des nuages tournoyer autour de moi, j’ai toujours eu une inquiétude. Quelle est leur nature ? j’ai peur d’être envahi par leur noirceur. J’ai peur qu’il me coupe des autres. J’ai peur du brouillard.
Pour cette dernière journée-nuit, le brouillard m’enveloppe. Lui que j’ai toujours subi, détesté, qui m’a toujours oppressé.
Je me suis alors aperçu, qu’il suffit d’un pas de côté pour le voir comme un nuage blanc et se laisser voyager.
- Å
01/07 19h49, non loin de Å
La tête dans les nuages. Minuit sonne. Toujours la tête dans les nuages. Je me lève. J’angoisse. J’ai hâte. Tout ce mélange. Le froid. Une pinte de café. Réchauffée. Regard à l’horizon. Le blanc. L’inconnu. Le départ. Le dernier. Une fin. Peut-être. Seule. Le blanc. Le bonheur des premiers coups de pédale. Le blanc mental. Sensation de vide. Nouvelle sensation. Vertige. Joie. Projection. Seule. La tête dans les nuages. Je rêve. Je m’ennuie. Journée endormie. Le chant des oiseaux. Je roule. Doucement. Sans m’en rendre compte. Je roule. Peut-être même à reculons. Je roule. Je rêve ? Les nuages. Mer. Ciel. nuages. Montagnes. Quelques camions. Quelques voitures. Les sourires. Je pédale. Une transe. Je fatigue. Trop proche. Trop réel. Je ne sais pas quoi penser. Je monte. Je descends. Je marche. Je roule. Je contemple. Vais-je pleurer ? Vais-je sourire ? Ressentir ? Une émotion. Un café. Contemplation. Fascination. Projection. Instant présent. Je roule. Fatigue. Transformation de la lumière. Netteté. Petite parmi les montagnes. Je souris. Je suis proche. La fatigue disparaît. Le soleil. Je roule. Je me souviens. Je pense. Un vertige. Une fierté. Bientôt une fin. Trop proche. Trop réelle. 5h. J’arrive. Pas d’émotion. Je m’arrête. Je crie. Je l’ai fait. Je souris. Je vie. Je respire. Je suis seul au monde. Les montagnes. La mer à perte de vue. Une émotion. Je pleure. Je pleure. Je pleure. Plus de fatigue. Plus d’angoisse. Je l’ai fait. J’y suis. Å ma place. Au bout d’un de mes mondes. Je marque une fin. Du point A au point Å. Je m’endors.
Es-ce un rêve ou mon rêve ?
- Une fin ou un fini ?
23/06 16h15 Stokmarknes, Norway
Mon cap vers le nord se termine bientôt. Dans une semaine, j’atteins mon but.
But qui a tellement de fois changé, au cours de mon voyage.
But que je n’ai cessé d’imaginer.
Que vais-je ressentir ? L’excitation augmente. La peur aussi.
Déjà la fin ? J’ai encore faim d’aventure !
Mon voyage continue: Il y aura le retour: autant avec le trajet qu’avec la construction de ma future vie et j’ai énormément de matière écrite et audio à exploiter !C’est tout de même une page qui se tourne la fin d’une quête personnelle qui laisse sa place à une nouvelle ou plutôt à des nouvelles.
- Analyse des galères
23/06 16h15 Stokmarknes, Norway
J’ai tous les jours des galères. Si j’enchaîne plus de 3 jours sans aléa, c’est bizarre. Depuis le début, elle ne m’impacte que très peu. Par exemple, la dernière en date a été de perdre mon pantalon et ma veste en route, avec mon passeport… Je m’en suis aperçu à la pause midi. Alors j’essaie de régler la situation mais ça ne m’atteint pas moralement.
Ce jour-là, je suis retourné à mon point de départ de la journée pour revenir dormir où je m’étais arrêté le midi. Ce qui m’a fait une journée de 60 km alors que j’en avais prévu 40 (de quoi fêter ma première journée de dénivelé).
En plus je n’ai rien retrouvé.
J’aurais préféré bien sûr ne pas avoir à faire demi-tour, mais j’ai accepté la situation et lâcher prise.
La plupart des galères que je vis ne sont pas très différentes de celle de mon quotidien d’avant, voire troublement proche. Quand je les vivais ça m’anéantissait. Maintenant plus du tout.
Ce qui a changé, c’est mon état d’esprit, mon regard. J’ai tellement eu de galère que je crois que je n’ai pas l’énergie mentale de mal les vivre.
Voilà la sensation que j’aimerais garder précieusement en rentrant. - Montagnes russes
23/06 16h15 Stokmarknes, Norway
Depuis mon arrivée en Norvège, il y a pas mal de dénivelé (plus que jamais) ça me rappelle le début.
Je vois comme des barrières infranchissables.
Finalement une fois dedans ça m’amuse. J’essaie de me dépasser. Je sens tous mes muscles travailler.
Une fois que j’en vois le bout, je suis contente de ce que j’ai accompli. Je profite du point de vue avant de redescendre et de me préparer à la prochaine montée.C’est pendant l’effort, qu’un parallèle avec mes galères m’est venu. Les montées comme les difficultés deviennent plus faciles tout au long de ma route.
Quand je suis au pied du mur, j’ai souvent cette voix qui me dit que je ne vais pas y arriver, mais je finis toujours par m’adapter et le gravir. - Séance de crocriture #3
23/06 16h15 Stokmarknes, Norway
Enfumée. Les yeux qui piquent, mais tellement bien. Réfugié dans une cabane entre deux rochers, un feu réchauffe, pendant que le froid et la pluie dominent le dehors. La cheminée bricolée évacue mal la fumée. Elle envahit rapidement l’abri.
La cabane mesure deux mètres carrés. Tout juste la place de s’allonger sur le banc. Même le matelas est trop large pour tenir, obligeant à le coincer sous l’appuie-tête.
Dans l’oreille gauche, le son de la mer. Dans l’oreille droite, le bois qui crépite.
La porte ouverte, une narine respire l’air frais pendant que l’autre, la chaleur enfumée. La cabane a un côté druidique, magique.
Il y a des cailloux peints partout. Elle est remplie de bout de bois, de branches et de mousses, tout pour faire un feu.
En regardant par la fenêtre, un sol de rochers. Des rochers qui forment comme des piques. Des plantes poussent entre eux.
Derrière du gris tout en nuances. Trois nuances principales. Une grande bande juste derrière les rochers avance de gauche vers la droite. Elle est assez claire. Ensuite une bande foncée qui part contraste, se rapproche du noir: c’est la montagne d’en face, qui prit dans la brume, se distingue des nuages que par sa couleur. Ensuite la dernière nuance de couleurs est la plus claire mais aussi la plus…
Un coup de vent la porte se ferme brusquement, coupant la pièce du froid extérieur, piquant les yeux.
Le bruit du vent sur le bois.
Le bruit des oiseaux - Séance de crocriture #2
18/06 14h56, Evenes, Norway
Rocher. Mer. Montagne. Neige.
Des montagnes à l’horizon entourent entièrement cet étendu : la mer du Nord.
Le bruit constant de cascade prend le dessus sur les autres sons. L’eau arrivant crée un courant.
Plage de galets et de sables, s’avance. En face un typique cabanon en bois rouge un peu délabré, entouré d’arbres. La mer est transparente, calme, paisible.
Un petit bateau à moteur s’y promène.
La cascade créée, à la surface de l’eau, des petites bulles blanches. Ces tâches suivent toutes le même chemin, telle des moutons d’eau. Il n’y a pas un nuage, seulement quelques traces d’avion.
Au fond la texture de la mer change. Un bandeau de mer plus agité foncé contraste avec l’eau calme et blanche de devant.
Le soleil fait scintiller une partie de l’eau.
L’horizon est marqué par les montagnes. Mer. Montagne. Ciel. Sur les deux côtés du champ de visions, la pointe de deux montagnes apparaissent. Elles sont entièrement recouvertes d’arbres. Derrière elle des montagnes en noir et blanc. L’arrière-plan est un enchaînement de quatre montagnes qui finissent par n’être qu’ombre et qui baisse en opacité jusqu’à presque se confondre avec le ciel.
En face, trois oiseaux alignés avec trois rochers dans l’eau.21h43, Je reprends avec 7h de décalage. (La raison )
Au même endroit mais tout est différent.
La mer a baissée. Il y a maintenant une nette délimitation entre la mer et l’eau de la cascade. Un couloir d’eau qui se jette dans la mer. Alors que la mer est lisse, le puissant courant crée du dénivelé en s’écrasant contre les rochers.
Au centre du couloir un fort courant d’eau blanche et mousseuse, qui disparait ensuite. Cela contraste avec l’eau de mer, car elle paraît beaucoup plus foncée.
La lumière a baissé. Le soleil se cache derrière une montagne.
À part le bruit et le mouvement de la cascade tout semble à l’arrêt. Seul quelques vols de mouettes donnent vie au lieu. - Bulle de vie
17/06 21h40, Karvik, Norway
Je suis dans ma bulle. Hors de la réalité. Connecté à mon tempo, à la nature, aux autres. Est-ce que je me déconnecte de « la vraie vie » ? Alors que j’ai la chance de prendre ce temps, je me rends compte que ce que je vis est peut-être finalement ce que j’appelle là « vraie vie » : prendre le temps, prendre soin des autres, prendre soin de soi,
Se laisser la place de vivre.
- Encore des pensées angoidoxales
17/06 21h00, Karvik, Norway
Prévoir, tentez de rentrer dans les cases, arrivé à l’heure, ne pas changer de plan. Voilà ce que je n’ai pas fait depuis longtemps. Que d’angoisse que de prendre des transports autre qu’Ulu.
D’un côté j’ai hâte de découvrir la Norvège hâte de faire l’expérience du train de nuit mais réserver, c’est ne pas se laisser de porte de sortie pour changer de chemin au dernier moment.C’est une fois avoir appuyé sur payer que la peur arrive. Et si c’était trop dur pour moi ? Et si ma cheville ne tenait pas le coup ? Et si avec Ulu, l’accès au train met refusé à l’aller ? Et au retour ? Et si j’allais terminer en vivant mes premiers moments difficiles ?
C’est en descendant du train face à la vue que je me suis dit: Et si je me laissais porter comme je l’ai toujours fait ?
- #1 séance de crocriture
15/06 17h31, à la terrasse d’un café Stockholm, Suède
Les langues se mélangent. Un mélange hétéroclite ne formant plus qu’une. Le café se trouve au bord de l’eau. La chaleur écrasante incite les clients à enchaîner les verres d’alcool frais. En face du café, la vue est bloquée par un grand trois mats blancs. Le pont est entièrement recouvert dune bâche blanche. Derrière, deux vieux immeubles et deux églises dont les clochers dépassent. Avec le soleil, la multiplicité des cheminées et des toits forme comme une muraille uniforme.
Le brouhaha du café est entrecoupé par le bruit des oiseaux, des bateaux et des vélos. Le café est au bord d’une route avec peu de passage. Malgré le bruit, elle paraît calme. Après la route, de la pelouse descend jusqu’au quai. Un groupe de femmes pique-nique. Elles se sont toutes rejointe et ont emportée des sièges différents : une est sur un transat pendant qu’une autre est assise sur une serviette. Elles sont au soleil.
En se concentrant, on peut entendre des bruits de basses régulières. De la musique.
À la droite de ce grand bateau blanc qui cache la vue sur le bras de la mer, des ferrys se succèdent sans intermittence. De multiples fenêtres s’accumulent derrière.
Une tour ressemblant à une grue à la particularité d’être couronné d’un grand cercle métallique qui tourne. On peut apercevoir ce qui semble être les lettres N et K. Un jeu de forme et de contre-forme qui laisse passer le ciel derrière.
Juste à sa droite, cette fois, une vraie grue. Elle dépasse largement des bâtiments les plus hauts qui ont l’aire de faire 8 étages.La vue est entrecoupée d’arbres qui semble tous avoir les mêmes espaces entre eux. On peut observer une nette délimitation et contraste entre les feuilles et chaque tronc. Autant en termes de couleur que de texture. Les troncs sont tous d’une largeur relativement semblable. Ils sont entièrement constitués de stries verticales. Ils correspondent tout à fait à la première image qu’on imagine quand on s’imagine un arbre. Les feuilles sont compacte ne laissant que très peu apparaître les branches. Le soleil transperce certain groupe de feuilles l, les faisant ressortir et donnant ainsi de la profondeur. Certains arbres sont étonnants, car des feuilles descendent du tronc. À la manière de lierre.
PAUSE
21h39 L’heure ayant changé. Tout est différent. Il fait maintenant très bon et le soleil commence tout juste à se cacher derrière les bâtiments.
Un splash ce fait entendre. Une masse blanche au sol. Au-dessus, entre les branches, un pigeon-corneille. L’ambiance a changé, plus personne en terrasse. Différentes ambiance sonore se mélangent. Des rires bruyants. La fête bat son plein. Si tôt.
Comme un bruit de rail. Aucune feuille ne bouge. Pas un vent. Un contraste se forme avec le mouvement calme et linéaire de l’eau en arrière-plan.
Des passants.
Des regards intrigués.
À peine écrit qu’ils sont partis. À peine écrit qu’un autre groupe arrive.
Des gens qui chantent : l’alcool.
La répétition du nom « Tommy » avec une voix enfantine. Enfant ou chien ?Sursaut.
Un bateau arrive à quai.Juste en face, sur la pelouse, des têtes apparaissent et disparaissent. Un long coup noir, une tête blanche et un petit bec noir. Sûrement des oies sauvages pas si sauvages que ça. Plusieurs groupes marchent suivis de petites boules de plumes de duvet ébouriffé grise sur pattes. Ils ont disparu.
Un groupe de deux oies adultes marchent avec leurs petits passent juste devant moi. Elles n’ont pas peur. Les plumes du dessus sont noir et plus ont se rapproche de la tête plus elles s’éclaircissent avant d’arriver à leur tête noire. Leur ventre est blanc et quelques plumes blanches se mélangent sur leurs dos.Un monsieur arrive. Il écoute de la musique en bougeant beaucoup les mains comme s’il parlait le langage des signes.
Le soleil se couche doucement derrière la muraille de bâtiments. Les couleurs sont plus ternes, ce qui fait ressortir l’enseigne lumineuse sur l’immeuble d’en face. C’est une linéale très fine et élégante avec un interlignage très serré avec les fenêtres entre les étages.À la terrasse de l’hôtel, deux filles se sont installés au fond. Elles sont très calmes. Le bar est fermé, seule une bouteille de bière, un verre de vin, un verre d’eau et deux assiettes oubliées restent sur une table.
Les lampadaires s’allument. Une des lumières de l’entrée de l’hôtel clignote.
Des oies crient, d’autres répondent. Un groupe s’envole. - Mes premiers crocris
À la terrasse d’un café, une femme sort un carnet et de l’aquarelle. Cette activité me fascine. Elle me fait rêver. Prendre le temps d’observer. Retranscrire l’essence d’un lieu. L’interpréter avec sa sensibilité. Prendre le temps.
C’est le genre de personne que j’aurais aimé être. Je me rends cependant compte que ce n’est pas mon moyen d’expression. (C’est assez flagrant quand on voit mon carnet).J’ai à ce moment-là réalisé que rien ne m’empêchait de faire de même avec des mots. Un croquis écrit. Un crocris. Je me suis mise alors à écrire pendant 2h, tout ce que je pouvais: des sons, des odeurs, du visuel, du mouvement…
Ça m’a permise de vraiment prendre le temps d’observer. Un acte méditatif. Les mêmes méthodes du dessin peuvent s’appliquer par les mots. Les mêmes problématiques.C’est alors mentalement que le croquis prend forme.C’est alors mentalement que le croquis prend forme.
- Point d’interrogation
09/06 17h38, Växjö, Suède
En ce moment, j’essaie de voir si mon voyage prend la direction que je souhaite. J’ai beaucoup de reproches à me faire (alors même que j’adore toujours autant voyager).
Mais ai-je perdu mon objectif en route ? Pourquoi suis-je parti ?
Je me trouve en ce moment trop connecté. Ça m’énerve. Et pourquoi ? Pourquoi quoi ? Pourquoi en ce moment, j’ai un besoin plus important de me connecter aux autres et pourquoi ça me dérange ?
Est-ce une question d’image ?
Je pense que depuis mon arrivée en Suède, je suis beaucoup seule en nature. Ça répond donc peut-être à un besoin d’échanges.
Et si c’était plutôt une manière de fuir mes réflexions, mes douleurs en me déconnectant de ce que je vis physiquement ?
Je remarque aussi, que j’écris moins et ça me demande plus d’efforts.
Peut-être que le rythme physique que je me donne me fatigue de trop pour cela. Ou peut-être que, je ne me laisse pas assez de temps de réflexion. Ou peut-être que je suis non pas en phase de production mais en phase de collecte. Je contemple, m’imprégne de ce qui m’entoure sans chercher à mettre des mots dessus.
Cette théorie est confortée par mon rapport actuel à la photo, ici tout est nouveau, beau, incroyable à mes yeux, pourtant je prends peu de photos. J’ai l’impression quelle que soit la manière, je ne veux pas figer les choses et ne pas mettre d’intermédiaire entre mes yeux et mon environnement serait-ce qu’une fraction de seconde point finalement la question derrière tout ça, c’est pourquoi je cherche sans cesse tes raisons pour me prendre la tête.UPDATE : 10/06 14h53,
Je viens de me faire une entorse (pas de panique, c’est pas ça qui va m’arrêter). À peine au sol et après un petit cri de douleur, j’ai eu le besoin de documenter avec humour cet aléa. Dans ce cas-là, partager ma galère avec positivisme m’aide à la supporter. - Molo l’asticot
10/06 14h06, Rankvilla, Suède, le pied dans l’eau au bout d’un ponton.
Ce matin, je me suis tordu la cheville: une entorse (ça a fait un sacré bruit de cracotte). Une chose est sûre, je vais trouver une solution pour continuer. Je marche difficilement et pousse régulièrement des petits cris dans la forêt. J’ai mal, mais c’est totalement supportable. Je me dis alors que je n’ai pas besoin de m’arrêter et que mon strap suffît et au pire, je fais une petite étape. L’idée de terminer ma journée après une heure de pédalage est alors hors de question pour moi !
À un moment, je me crie dessus intérieurement, je suis tellement dans une envie de toujours plus, que je culpabilise envers moi-même de m’arrêter après seulement 10 km, même blessé.
Je sais que je pourrais prendre sur moi et attendre mon objectif de la journée mais à quel prix ? J’apprends que s’écouter est pour moi un combat de tous les jours.
J’ai réussi à me tenir tête et passe la journée dans le mini patelin de Rankvilla, le pied dans l’eau du lac, je reprendrai avec d’autant plus de plaisir demain. - Impression suédoise
09/06 17h38, Växjö, Suède, dans la forêt au bord d’un lac.
Voilà maintenant une semaine que mon pneu a laissé ça première trace sur le seul suédois.
Une nouvelle étape franchie puis rapidement une autre: l’arrivée en Suède et le passage des 3000 km.En arrivant, une chose me marque, immédiatement, c’est les nuances de vert. Je regarde devant moi, une forêt sur les côtés, une forêt derrière moi, une forêt. Entouré de nature la solitude ne me pèse pas. Étrangement, j’écris et prend peu de photos. Je contemple seulement et attends de croiser le regard de mon premier élan.
Un pays où je ressens immédiatement un grand sentiment de liberté. Ici on peut dormir partout !
En fin de journée, je m’enfonce dans la forêt à la recherche d’un point d’eau et d’un sol plus ou moins plat pour passer la soirée.
De nouveau,
je contemple, jusqu’à m’endormir de fatigue. - Le poids des mots
09/06 17h38, dans la forêt près du lac d’Örken, Suède
Je m’écrie.
Je m’écris.
Je pèse mes maux.
Je m’apaise. - Nuage
08/06 17h08, à la plage de Växjö, Suède
Si petit que tu es, je te crains.
Rien que de t’entendre, je me crispe.
À ta vue je rage. Impossible de me concentrer.
Je tap, je tap, je tap dans le vide. Une sorte de musique.
Quand tu te regroupes avec tes congénères, toi l’individuel forme un tout. VOUS êtes un tout gigantesque, puissant. Quand votre bruit se rapproche, la panique me gagne. Quand je vous vois, je me paralyse. Comme si statique, vous ne m’approcheriez pas.
C’est une fois que j’ai compris que je ne pouvais rien y faire, que j’ai changé mon regard sur vous. Au lieu de fuir à votre simple vue, j’ai décidé de vous observer. Vous m’avez tout de suite fasciné. Vous que je ne peux individualiser.
Voilà une demi-heure que je ne peux vous quitter du regard. Une demi-heure que mon corps me gratte. Je paye le prix d’un fabuleux spectacle.
Vos mouvements aléatoires me font penser au jeu de la vie. Une fascinante chorégraphie où vous semblez tous trouver votre place.
En plus d’être de grands artistes, vous êtes aussi de formidables coachs. Un entraînement sans répit qui porte ses fruits. Se fixer un rythme. Le garder.
Si j’accélère, tu me laisses faire mais quand mes jambes me lâche et que j’ai besoin d’une pause, tu sais où me piquer pour me pousser à repartir et cette fois, plus doucement pour durer plus longtemps.
Je sais que tu fais sûrement ça pour mon bien, mais dans ces moments-là, je rage contre toi. JE TE HAIE. C’est seulement en fin de journée, quand je regarde ce que j’ai accomplie t’observe de nouveau que je réalise que je t’aime. - Changement de Nord
01/06 11h25, Copenhague, Danemark
À la préparation de mon voyage je me suis projetée dans beaucoup de situation mais je n’ai jamais sincèrement crue arriver où je suis. Alors à la vieille de quitter le Danemark pour la Suède, je ne sais toujours pas dans quelle direction aller. Je retravaille mes tracés au jour le jour en fonction de mes envies et rencontres, alors je sais que ça risque encore de bouger, mais je viens de prendre une grande décision !
Bien que je continue de faire Cap vers le Nord, je ne souhaite plus aller au Cap Nord mais à Stø. L’idée de terminer mon voyage à un monument touristique ne m’attire pas tellement. Cependant, je veux terminer mon Cap au bout d’une terre face à la mer. Alors je ferais sûrement une partie en train mais tant mieux, ça veut dire que jusque-là je me suis suffisamment laissée zigzaguer et dériver pour être « en retard » sur mon planning initial. - Mais, es-ce que ça va vraiment ?
01/06 11h25, Copenhague, Danemark
Avant de partir, je me suis nourrie de beaucoup de témoignages d’aventure. Une chose me manquait dans ce que j’écoutais et lisais ; je n’ai pas trouvé ou très peu de personnes, témoignant de leurs moments de doutes et d’angoisses profondes. À chaque fois, je sens comme une glorification des difficultés. C’est là-dessus, que je souhaitais travailler : montrer brut ce que je ressens (moi, qui ai un terrain propice aux difficultés mentales).
Pendant mon voyage, je me surprends à être très positive. Je ne me suis jamais sentie vraiment mal et mes très nombreux aléas, me font bien rire ! Finalement, moi aussi je montre mes difficultés comme des sorties de routes palpitantes qui sont au cœur même de mon expérience. Mais sincèrement, tout va-t-il vraiment bien ? Alors que je suis en repos après 10 jours, la tête dans le guidon que je n’ai pas, c’est la question que je me suis demandé. Comment savoir si je ne me mens pas à moi-même ? J’ai l’impression, qu’une fois passée, j’oublie instantanément les épreuves difficiles et leurs intensités pour garder inconsciemment en tête, que le positif que je peux en extraire. Ce qui me semble plutôt sain-pas de la pars de mon cerveau. (Tout dépend de son sens)
Tous les jours, je fixe mon enregistreur sur moi quelques heures et parle en roulant, pour capturer mes pensées brutes. C’est finalement, ce qu’il y a de plus authentique dans ce que je collecte en comparaison à l’écriture qui intervient une fois les pensées déjà pensées et la photographie qui fige, révèle et soustrait ce que je souhaite.
Donc pour répondre à cette question que je me suis posée, j’ai repensé à ce que je me suis verbalisée. J’ai réalisé que tous les jours depuis un petit bout de temps, je termine mes journées en souffrance. À partir de 15 h, j’en ai marre et vas savoir pourquoi depuis 700 km environ, les frottements de ma peau contre la selle ont provoqué des belles brûlures. Maintenant, je dois régulièrement m’appuyer sur un poteau pour l’enlever quelques secondes et (que j’ai mis du temps à identifier comme tel).
Finalement, tout n’est pas tout le temps tout rose, et peut-être que ce n’est pas plus mal. La grosse différence, c’est que par rapport à ma vie avant le voyage, ces problèmes ne m’obsède et ne me ronge pas. J’accepte et je profite de ce que je peux et tout les jours, les difficultés sont contre-balancé par des évènements ou des non-événements que je vie positivement.
- Trouver refuge
31/05, 15h51 Bibliothèque d’art de Copenhague, Danemark
Cela fait longtemps que je souhaite écrire sur un sujet, mais je ne trouve pas les mots justes. Je sens que mes mots sont maladroit, naïf et utopiste à la fois.
Pourtant, j’y pense chaque jour. Alors, il est temps de tenter de délivrer brute ma pensée.
Alors que je vie une vie riche et palpitante en voyageant, on me félicite de ce que j’entreprends. Les gens que je croise me disent souvent que je suis « courageuse ». Ce mot m’interpelle, j’ai choisis de voyager dans ces conditions et je n’en tire ni stress ni angoisse, un simple sentiment de liberté. J’ai l’un des luxes le plus rare et précieux: le temps.
Traversant des pays européens seule, je peux suivre mon propre rythme. En fonction de mes envies, je dors parfois à la belle étoile, en camping ou chez l’habitant. Je suis accueilli partout à tel point que je me sens chez moi n’importe où. J’ai alors l’impression que le monde nous appartiens à tous ! Un instant ça me rend heureuse puis je reviens à la réalité. Je prends conscience que ma réalité est une exception.
Impossible de ne pas faire un parallèle avec ceux qui sont contraints de quitter leur pays, qui voyage avec la peur au ventre (eux, de manière totalement justifiée) avec moins que le strict minimum pendant que moi, je transporte des sacs remplis de ce que j’estime être l’essentiel pour vivre.
Je ne peux pas imaginer le calvaire que vivent toutes ces personnes. Calvaire qui continue en arrivant dans leur pays d’accueil.
Un tel décalage est vertigineux et révoltant. Ce n’est pas courageuse que je suis mais plutôt chanceuse d’avoir toutes les conditions réunies pour pouvoir vivre ce luxe sans me préoccuper du reste. - Vision trouble
31/05 15h30 Copenhague, Danemark
Alors que j’enchaîne les kilomètres, je vois trouble. J’ai envie d’aller toujours plus loin mais le temps avance: bientôt 3 mois !
Peut-on arrêter le temps un instant ? Je ne suis même pas à la moitié de mon carnet. Comment freiner le temps ? C’est paradoxal d’un côté, j’ai cette curiosité de découvrir la suite (mes prochains coup de pédales sont en Suède) et d’un autre j’aimerais ralentir. Est-ce cela qui trouble ma vision ?..
N’est-il pas plutôt temps de changer de regard sur mon voyage ?..
C’est concrètement le regard de ce qui m’entoure qui pose problème depuis plus de 10 jours: mes lunettes sont totalement rayées !Alors qui dit nouveau pays, dit nouveau regard pour continuer de se faire bercer par le temps plus tôt que de s’y sentir brasser.
- Un pøids en møins
31/05 15h30 Copenhague, Danemark
Je me réveille à Copenhague et pars en vadrouille. Je fais exception à ma règle et emmène Ulu avec moi. Habituellement, en temps de pause, je privilégie la marche mais la ville est grande et je ne reste pas très longtemps. C’est donc avec un grand plaisir (que j’espère mutuel) que nous nous promenons. J’ai l’habitude de rouler maintenant, mais là, c’est différent. Je me sens bizarrement plus légère. Et oui, j’emmène Ulu avec moi mais pas mon sac à dos. Quelle étrange sensation, j’ai l’impression d’être toute nue, de ne pas rouler droit. Je savoure tout de même ce poids en moins. Épaule et dos m’en remercie.
Pendant que moi, je fanfaronne, il y en a un qui reste silencieux et que je sens un peu vexé… J’avoue ne pas avoir été très sympa avec Ulu…
Par flemme, je lui ai même pas enlevé de bagages. Pas de repos pour mon fidèle mono !
C’est un coup à ce qu’il me dise en arrivant en Suède qu’il est encore crevé. - J’ai besoin de…
27/05 21h16, Vordingborg, Denmark
Avec mes voyages, les questionnements ne cessent de s’accumuler sans que je n’y trouve de réponse. Pourtant, j’avance. À chaque étape, je découvre mes besoins.J’ai besoin d’apprendre en continu.
J’ai besoin de nature.
J’ai besoin de bouger.
J’ai besoin de solitude.
J’ai besoin d’être entouré.
J’ai besoin de silence.
J’ai besoin d’écrire.
J’ai besoin d’avoir de multiples projets.
J’ai besoin de me sentir utile.
J’ai besoin de me retrouver face à des difficultés.
J’ai besoin de rature.
J’ai besoin d’être optimiste malgré l’évolution de la société.
J’ai besoin de rire.
J’ai besoin de faire de multiples choses en même temps.
J’ai besoin de partager.
J’ai besoin de pouvoir porter ma voix.
J’ai besoin d’assumer d’être barré.
J’ai besoin de rêver.PS: j’attends vos propositions de parcours professionnel compatible avec ce bric-à-brac de paradoxalité.
- Des phases et des phases
26/05 17h00 à Maribo, Denmark
Loin de mon quotidien, j’apprends à me comprendre partiellement. J’ai pris conscience de la variété de phases que j’ai.
1 – Fanfaronne. Quand je roule j’ai besoin de rire et de faire rire (j’avoue ça tombe souvent à plat). C’est dans ces moments-là, que mon grand ami Ulu est née.
2 – Introspective. J’ai besoin, pendant de longues heures, de réfléchir à de multiples questions qui restent et resteront sans réponse.
3 – Bavarde. À certains moments j’ai besoin de parler ! Faute de personne, c’est mon enregistreur qui tend l’oreille.
4 – Sociable. J’ai besoin d’entendre la vie des autres et d’échanger.
5 – Hermite. J’ai besoin d’être peinarde, juste avec mon carnet.
6 – contemplative. Rouler peu et ne rien faire d’autre qu’observer.
7 – Dynamique. Enchaîner les kilomètres et sentir mon corps fatiguer en fin de journée.
8 – Flemmarde. Je veux juste dormir.
9 – Stratège. Trouver des solutions à des problématiques et chercher le meilleur itinéraire.
10 – Tête en l’aire. Me laisser porter par le vent sans chercher le bon chemin.Alors quand mon état d’esprit se transforme je l’accepte et j’adapte mon comportement pour trouver mon subtile juste équilibre.
- Terre sinusoïdale
25/05 18h00 Maribo, Denmark
À peine la frontière danoise passée, que je sens tout de suite la différence. Ça monte, ça descend. Fortement, doucement. J’enchaîne les kilomètres avec très peu de plat. Ce dénivelé me fait penser à des ondes sonores comme si le terrain parlait.
Au début, je le trouvais bien bavard. Je redoutais le commencement des phases et appréciais la fin. Puis, petit à petit, je me suis laissé transporter par sa musicalité. Nous avons accordé nos tempos et tout est devenu plus fluide. À tel point que ce sont maintenant ses silences qui me paraissent long. - Ralentir au plus vite
24/05 18h36, je ne sais plus où
Quel que soit mon nombre de kilomètres prévu et l’heure, les fins de journée sont toujours dur. En fin de journée, je calcule la distance qu’il me reste et combien de temps il me faut. Les jours où j’ai peu d’énergie, ces préoccupations peuvent même commencer dès le midi…
Quand je suis dans ces phases-là, j’essaye d’être la plus rapide, faire le moins de pause. Je ne profite alors plus du chemin, mais rêve de l’arrivée. Alors, si j’arrive à prendre conscience de mon état d’esprit, et bien au contraire, je ralentis et multiplie les longues pauses. Je me fais violence pour couper avec cette énergie négative qui mobilise beaucoup trop de place mentale pour me recentrer sur l’essentiel.
Finalement, c’est quand je réussis à faire les derniers kilomètres doucement à mon rythme que le temps passe plus vite et que sans m’en rendre compte je suis déjà arrivé.
- À un pas de perdre les pédales.
24/05 18h36, je ne sais plus où
Une grande étape pour moi que de passer la frontière danoise. Pour l’occasion, je démonte Ulu et nettoie ses roulements (je suis roulement parano maintenant).
Nous repartons ensuite pour laisser nos premières traces sur le sol danois. Un début chouette en pleine forêt qui se transforme ensuite en une longue route de type départementale. Après 5 km à rouler tout droit, j’en ai un peu marre, mais là n’est pas le problème. Ulu lui, en perd carrément une pédale ! Me voilà donc maintenant sur un pied…
Heureusement, je m’arrête sans embûche et avant qu’Ulu perde totalement les pédales (ou est-ce moi? ).
Alors oui, cette route était redondante, mais le fait que j’ai remonté Ulu à l’envers n’as pas aidé. En tout cas, nous avons pu nous poser un peu et reprendre la route avec énergie.
Et sur cette fameuse route dite ennuyeuse une biche, c’est lancé dans sa traversée. Ces 8 km valaient finalement le coup (de pédale).
- Foulitude de Solitude
Je suis souvent seule.
Seule sur la route.
Seul dans la nature.
Seul dans les villages.
Alors cette solitude, parfois, elle est oppressante. Quand je n’ai plus rien à me dire, elle est difficile à supporter. (Voir J’suis ronchon.)
À un moment, cette solitude, j’ai besoin de la rompre. En arrivant dans une grande ville pour me poser quelques jours, j’ai un sentiment de satisfaction. Pourtant, c’est parmi la foule que je me sens d’autant plus seule.
Étonnant dans des lieux dit « vivants ». J’ai l’impression que chacun reste sur son chemin et que les déviations sont rares.
Alors c’est entouré de toutes cette agitation et sollicitation que je me sens la plus seule.
Bien plus qu’entouré d’arbre, de vache, de lièvre et de champs.
Quand je passe des heures sur des routes de campagnes sans parler à personne excepté des « Allô », et bien je suis pleinement présente quand une discussion se lance. J’ai l’impression que plus on s’éloigne des villes, plus la disponibilité accordée à l’autre est grande et riche.
Ou peut-être que finalement c’est moi qui m’apaise loin du bitume ? - L’empreinte d’un outil.
Je ne me suis jamais senti addict à mon portable. Je ne suis ni angoissée de l’absence de réseau ni du manque de batterie et scroller indéfiniment sur les réseaux sociaux m’ennuie plus qu’autre chose.
Le portable est-il juste pour moi un outil qui ne dépasse pas son rôle ?
J’aimerais sincèrement dire oui et c’est ce que j’ai fait jusqu’à présent…
C’est difficile pour moi de l’avouer mais comme beaucoup j’entretiens un rapport malsain à mon cellulaire: j’ai une addiction.
Depuis une semaine, mon téléphone me fait la gueule. Il ne veut plus charger, enfin seulement si je le positionne dans un angle très précis. Quand j’arrive à monter à 30 %, c’est la fête ! Alors comme les autres problématiques dont j’ai dû faire face, je l’ignore jusqu’à ce que ce soit vraiment paralysant.
Dans cette situation, je n’ai jamais vraiment été limitée. J’ai seulement dû être plus vigilante quant à mon utilisation de mon portable.
Cependant, le stress est constant…
Une sensation que je n’ai pas eu même face à mon roulement en mille morceaux.
Depuis le début, je me dis que chaque aléa amène à des changements de direction intéressants, mais pas cette fois. Alors cette sensation s’amplifiant, je me suis posé (comme avec tout problème) et je me suis demandé qu’est-ce qui était difficile pour moi ? À quoi me sert mon portable ?
Une amie qu’on nommera flo (parce c’est son nom) //je vous invite à la lire// est partie en voyage sans portable seulement avec une carte et une boussole.
Ça me semble pour l’instant si difficile…
Pourquoi ai-je mis cet outil tant au centre ?
J’ai une liste d’arguments solide !
– il me permet de tracer mon itinéraire, trouver hébergeur et camping…Et café…Et bar…
Mauvaise excuse, l’état actuel de mon portable ne m’empêche pas le matin de faire mes plans.
– Je peux donner des nouvelles à mes proches et gérer des situations d’urgences
Mauvaise excuse, je peux très bien demander qu’on me prête un portable le temps d’un coup de fil.
– Il me sert à faire des photos !
Mauvaise excuse depuis le début, je prône l’idée de profiter avant tout avec mes yeux.
– je publie des textes régulièrement, je ne peux pas faire sans.
Mauvaise excuse encore ! Je ne dois pas oublier que c’est mon voyage qui est le centre. Plein de choses gravite autour mais leur éclipse ne doit pas chambouler pas tout l’écosystème.
Finalement, il n’y a aucune raison valable à cette angoisse à part cette chose que je n’assume pas… L’ADDICTION.
Ça me fait mal d’en prendre conscience mais j’ai ce besoin parfois (à mon goût trop souvent) de me connecter et échanger virtuellement avec les autres, de lire, de m’évader par la musique et les podcasts.
Aujourd’hui au milieu de la forêt, je me suis sentie apaisée. Contraintes de me déconnecter virtuellement, je me suis connecté au moment présent.
//
J’ai maintenant réglé mon cellulo-problème. Il ne tient plus qu’à moi de ne pas retomber dans mes travers tout en continuant d’emprunter des chemins de traverse. - Un lacet en direction de l’ouest.
18/05 15h39, musée d’art moderne, Hambourg, Allemagne
Il aura fallu 2100 km, (et oui je viens de passer les 2000 !) Pour que mon lacet gauche décide de vivre sa propre aventure. Alors je ne dis pas que je suis contre (il passe son temps étrangler j’en ai bien conscience) mais pendant que Ulu et moi on roule je pense juste que le timing est mal choisis. En plus son voyage a consisté à s’aventurer sur le plateau Pédale Ouest…
Sans pouvoir rien y faire je le vois donc s’enrouler autour de ma pédale. Prise dans mon élan, je ne peux m’arrêter immédiatement. J’ai le temps pendant d’interminables secondes d’imaginer ma chute ridiculement inévitable.
Peu de surprise, je finis lamentablement à terre. Je suis maintenant à terre, un pied fixé à une pédale et le dos cloué au sol à cause du poids de mon sac à dos (oui j’ai encore du travail niveau abdos et souplesse). Je me débats (alors que je préfère débattre) tel une carpe hors de l’eau en attendant qu’on me vienne à la rescousse.
J’en retiens que s’il y a une chose dont il ne faut jamais se lasser c’est lacer ses chaussures. - Le syndrome du manque de page blanche.
18/05 13h19 Hambourg, Allemagne
J’écris tout petit. Je sature mes pages de mots. Tout un voyage qui doit tenir en un carnet. Pour une fois, j’ai le syndrome du manque de page blanche. J’ai la peur de terminer mon carnet et d’un matin, ne plus pouvoir écrire. Je ne veux pas me limiter dans mes mots et j’ai tellement de chose à écrire ! Je veux avoir la place nécessaire pour m’exprimer et donner place à l’inintéressant. Sans jugement. Je veux avoir la place nécessaire pour essayer, essayer encore jusqu’à ne plus savoir quoi essayer.
Finalement, cette écriture microscopique me vient spontanément. Un minimum de geste pour chaque lettre, me permet aussi d’aller plus vite à l’idée d’après sans en perdre son essence en route.
Je crois qu’aussi, je redoute le moment où je vais poser les derniers mots sur la dernière page comme si c’était signe de la fin de mon aventure.
J’aimerais qu’à la fin, il me reste quelques pages blanche (mais pas trop quand même ). Une manière de me dire à moi-même que finalement jamais mon aventure ne s’arrêtera. Pour me dire que j’ai eu la place nécessaire et sans limites, de m’exprimer.
De toutesvmanière, ce point final, je ne peux ni le choisir ni le prédire. Ou plutôt je ne le doit pas. Ou plutôt je ne le veux pas.Les effets secondaires de mon carnet:
Quand on voyage,on a tendance à interpeller (sûrement emplifié avec un monocycle comme mode de déplacement). C’est effectivement souvent pour ce sujet qu’on m’aborde. Nonobstant, je suis souvent éloignée d’Ulu ou de mon sac à dos. On ne peut alors pas savoir mon statut de vagabonde saltimbanque perchée. Pourtant, je continue d’intriguer. Que se soit dans les cafés, les bars ou les jardins, on me retrouve entrain de saturer mes pages d’un dialecte illisible pendant des heures. Je ressens alors des regards insistant avant qu’on vienne me voir pour me questionner. Ensuite, le jeu consiste à me prendre mon carnet et d’essayer de me lire. J’avoue ne pas tout le temps être à l’aise en fonction de la page… J’écris la plupart des choses seulement pour moi ou des ébauches d’idées.
Comment expliquer que sur certaines pages, il y a des séries de chiffres associées à des mots ? (Oui, je me suis retrouvé dans cette situation) Comment expliquer que sur certains passages, je fais dialoguer un sécateur avec un train ?…Je vous ai perdu vous aussi ?
- Une porte se ferme, une ferme me porte
13/05 12h46 sur une table de picnic près de Wilhelmshaven
Il était une fois, une jeune fille sur un monocycle. Dans un pays avec peu de camping, elle est contrainte d’enchaîner les kilomètres.
70 bornes plus tard, le st Graal: enfin l’arrivée !
C’était sans compter sur l’inexistence du camping. La pluie tombe, elle désespère et part en quête d’un autre potentiel camping.
En passant devant une ferme, pas besoin de tirer à la bobinette, un homme est là. Il ne comprend malheureusement pas son étrange langage. Loin de se décourager et fortement poussé par son envie de se poser, elle sort un outil formidable permettant de transformer un langage en un autre. Il lit et refuse d’utiliser ce fabuleux outil. Un geste vaut mille mots pour signifier de déguerpir. La pluie tombe de plus en plus fort, elle reprend la route en n’osant plus faire face aux locaux.
Au bout d’un moment, une nouvelle ferme. En pensant rentrer dans une écurie, elle se retrouve dans une cuisine avec 5 personnes entrain de boire un étrange breuvage.
C’est comme ça, qu’elle passa une nuit formidable dans une grange entoureé d’équidés.
Au moment du départ, le patriarche avec qui elle n’a pu est échanger que des gestes, lui dit une étrange phrase avec le mot » Glück ». Il veut alors lui dire que c’est un honneur pour lui qu’elle se soit arrêté dans sa ferme. Ce qu’il ne se rend alors pas compte, c’est que c’est pour des rencontres comme celle-ci: vrai, sincère et atypique, qu’elle à une cette envie de voyager. Alors c’est elle qui est « Glück » !Finalement, heureusement qu’une porte c’est fermé, cette rencontre lui a permise de reprendre de l’énergie mentale pour les prochaines étapes. Elle se souviendra toujours de la répétition excessive des « prost » pendant cette soirée qui lui ont permise de rencontrer ces personnes formidables.
- Tu me fais tourner la tête
13/05 12h46 sur une table de picnic près de Wilhelmshaven
De loin, je t’admire.
Je te sais utile,
Bien loin d’être futile.
Pourtant, je cherche à te fuir.
Tu me fais tourner la tête,
À en perdre l’équilibre.
Sans cesse tes mouvements se répètent.
Tu as beau être fixe, je te sens libre.
Tel un aimant, tu m’attires.
Tu crées en moi un vertige.
Je devrais partir.
Je me fige.
Comment vaincre ma peur profonde si éprouvante?
Alors qu’à la vue de ton ombre mouvante, je m’épouvante
Aujourd’hui, j’ai décidé de faire la paix.
Ulu et moi on est enfin prêt.
Aujourd’hui j’ai décidé d’avancer sans déguerpir comme un lapin
Et oser enfin te faire un câlin. - J’suis ronchon.
Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd’hui je râle. Je trouve toutes les excuses pour m’arrêter. Il fait beau mais j’ai pas envie de rouler. Je m’énerve. J’ai saturé de sujet de discussion avec moi-même et j’en ai marre de ma voix intérieure. Je ne supporte plus son son, sa manière de s’exprimer. Alors j’essaye de penser sans mots mais je n’ai pas l’énergie de me prendre la tête, alors je râle.
Je râle toute seule et puis je n’ai pas pris de café ce matin ! il est bientôt midi, et toujours rien à l’horizon. Je suis ronchon.
Je m’aperçois que quand je pense j’imagine souvent que je parle à quelqu’un. Ça me permet sûrement de ranger mes idées, mais peut-être aussi de fuir le moment de me retrouver vraiment face à moi-même.
Serait-ce finalement la première fois que ça m’arrive de mon voyage ?
Je tourne en rond. Ça me donne mal à la tête alors je râle toujours plus.
N’empêche que je continue tout de même d’avancer etans m’en rendre compte, je suis presque arrivé. S’ensuit de belles rencontres.
Je ne râle plus. - Revenir ou rêvenir à la réalité ?
- Zigzag
Camping de Sint Janklooster sous l’orage
Il y a une chose que je me force à ne pas oublier, je ne pars pas pour faire une performance sportive : rouler le plus possible, le plus longtemps pour arriver en un temps record (pour moi) au Cap nord.
Parfois, je l’avoue mon esprit est tenté d’aller dans ce genre de direction. Hier j’ai battu mon record de distance sans en souffrir et en prenant mon temps en plus, et bien… C’est une fierté personnelle. Cependant, cette recherche de la performance (en tout cas pour moi), m’isole de ce que je vie et voit. Il y a certain endroit où il est préférable de prendre son temps. Contempler. Il faut alors être prête à changer ses plans à tout moment.
Ces derniers jours, ma trajectoire a changé toutes les trois heures (et pas pour aller au plus logique). Quand je roule dans une zone qui me plaît, je rallonge mon parcours même si ça implique de sen perdre, empreinte des chemins galère et parfois même revenir en arrière. Au début de mon voyage, je cherchais à rejoindre un point A à un point B. C’était surtout l’arrivée de cette fin de journée qui m’attirait (même si je ne le conscientisais pas vraiment) alors j’évitais trop de détours pour aller plus loin plus rapidement.
Maintenant je suis prête à faire près de 70 km pour rejoindre une ville à 20 km de là où je suis et peu importe si je n’ai pas le temps d’aller jusqu’au Cap nord.Alors vive les zigzags !!
- Slalom
Camping de Sint Janklooster sous l’orage
Je passe mon temps à slalomer et j’en suis ravie! En traversant des espaces naturels, en 3 jours, j’ai dû éviter d’abord des moutons endormis sur la route (avec aucune intention de bouger). Je me suis ensuite retrouvé bloquée par des dizaines de vaches traversant la route seules ; les deux dernières m’ont regardée bizarrement et se sont misé à me suivre. J’aurais bien continué mon voyage avec elles, mais une barrière les bloquent. Les animaux qui me forcent le plus à être vigilante sont les limaces, chenilles et mes comparses les escargots. Le regard fixé au sol, je serai prête à me prendre un arbre pour ne pas en frôler une. (pas comme la voiture qui m’a percuté mercredi)
Quoi, je suis obligé d’en dire plus ? Alors déjà, Ulu et moi on a eu aucun dégât donc tout va bien. Une voiture était à un cédé le passage et au moment où j’arrive à son niveau, elle accélère j’ai forcé le plus possible sur ma pédale arrière pour m’arrêter et pivoter pour que le choc ne soit pas trop fort. La voiture a tapé à l’avant (le conducteur n’a à ce moment-là pas du tout essayé de ralentir). Il continue sa route, puis finalement s’arrête et me demande si ça va, me voyant toujours à terre (sans s’excuser). De mon côté, je n’ai pas eu le temps d’avoir peur et la chute a été douce.
Dans cette situation, je n’aurais pas pu faire grand-chose de plus, mais ça m’a fait prendre conscience de ne jamais relâcher ma vigilance.
Comment ça rouler quelques mètres les yeux fermés sur la route ce n’est pas ma meilleure idée? ?Comme je l’ai déjà dit plus tôt, je me sens comme un escargot pendant mon voyage. Merci de faire attention à vos pas et ne pas nous écraser !
- Continuer à pied ?
À l’heure où j’écris, je suis TOUJOURS À AMSTERDAM dans un café en face d’un point relais PLUTÔT QUE DE ROULER.
J’attends qu’un colis arrive pour pouvoir réparer Ulu mon monocycle. (3h de retard pour l’instant)
Ulu, je n’en peut plus d’attendre de pouvoir te soigner. On aurait dû reprendre la route il y a 4 jours. Et si on ne pouvait pas te soigner ?
Ulu, la paralysie me ronge, j’ai peur qu’elle m’enfonce. Quoi qu’il arrive mon voyage ne peut se terminer si vite.
Ulu, si je dois te pousser pour continuer je le ferais mais si ce n’est pas possible je suis prête à…continuer à pied un temps et…te remplacer…
Ulu, je me rends compte sans toi, la difficulté de porter seule le poids de ma vie.
Reviens vite. - Une balade qui tomba à π-que
Cette après-midi pour m’occuper et découvrir la ville autrement, j’ai décidé d’utiliser les décimales de π pour me guider (un peu plus de 60) et une boussole. Je vous explique.
Je divise π par groupe de 4. (1415 9265)
Puis le 1er chiffre me donne une durée de marche en minute. Les trois suivant un degré de marche par rapport au Nord. J’ai donc commencé par essayer le plus possible de marcher pendant une minute à 55° du Nord (415-360) puis pendant 9 minutes à 265° du Nord.
Très marrant à faire (si si) même si j’ai été amené un peu trop souvent à passer dans la même rue. Cependant, à un même endroit même à quelques minutes d’écart, il y a des choses différentes qui se passe.…
Oui, je m’ennuie rarement
- Tu me manques Ulu
Ulu,
J’ai peur que tu m’ai quitté.
J’ai peur d’être à la fin de notre aventure.
Je ne le veux pas. Je ne le peux pas.
Pas encore !
Le pourrais-je un jours ? - Ma cabirynthe
29/04 12h41 bibliothèque d’Amsterdam
Le long de mon chemin, je ramasse branches, planches, feuillages ainsi que tout ce que je trouve en chemin. Je les garde précieusement en faisant attention de ne pas rouler dessus par mégarde, tente de les faire tenir ensemble et parfois, les laissent au bord de la route.
Alors que je me lance dans sa longue et infinie construction, je ne cesse de l’imaginer, de la rêver.
Une cabane mouvante, stimulante et sur une roue bien-sûr. Une cabane qui me ressemble mais en même temps qui m’amène toujours plus loin. Je la veux précaire pour la reconstruire sans jamais avoir à la détruire. Je la veux vaste pour avoir toujours de nouveaux recoins à explorer. Un labyrinthe.Ma cabyrinthe.
- Une sédentaire nomade
27 / 04 9h51 Amsterdam
Je me suis toujours sentie plus sédentaires que nomade. En ce moment, c’est l’inverse. C’est dans l’itinérance que je me sens bien. Tous les jours est une aventure. La simplicité est une aventure. L’envie est une aventure.
Bien que je ressente le besoin de m’arrêter quelques jours, c’est pour moi difficile. Couper le rythme. Ralentir.
De passage à Amsterdam, je décide de m’arrêter quelques jours pour m’imprégner de l’ambiance de la ville. Un arrêt qui se prolonge vu que mon monocycle est blessé. En attendant des pièces de rechanges, je tente de lâcher prise.
Finalement, même statique je me sens nomade. - Le B.a-ba du néerlandais
22/04 18h05, dans un bar à Rotterdam
Il y a des phrases que je dois absolument connaitre pour savoir rire au bon moment, les voici :
(Et oui ça m’a déjà servie plusieurs fois, comme quoi les blagues de monocycle sont universelle)
As-tu perdu une roue ? : Bent u uw wiel kwijt ?
T’es-tu fait voler la moitié de ton vélo ?: Hebt u de helft van uw fiets gestolen?
Il est où ton guidon ? : Waar is uw stuur ? - Loin de toi.
19/04 8h43, métro de Bruxelles.
Journée de repos
Loin de toi, je suis à nue.
Nous avons passé tellement de temps ensemble,
que de te savoir loin, j’en tremble.
Pourtant l’éloignement est une sorte de liberté,
plus d’inquiétude, je sais que tu es en sécurité.
J’apprends de nouveau à marcher.
Prendre le temps de déambuler
Sûrement plus libre de mes mouvements
mais tu me manques.
Je n’y peux rien,
nous ne form[i]ons plus qu’un.
Où que tu sois, tu es toujours près de moi Ulu. - Libspirer
17/04 20h22, dans ma tente à Lennik, Belgique
Je n’arrive pas à exprimer ce que je ressens alors je cherche des mots. Ce que je vie combine tellement de sensations et d’émotions que je n’ai jamais ressenties que j’en deviens muette.
C’est le long d’une longue route ennuyeuse que je me suis tentée à inventer un mot.Exercice relativement inutile puisque pour le déterminer, il faut d’abord trouver sa définition et c’est justement son expression qu’il me manque. Voici tout de même ma première tentative:
Libspirer, v Ressentir toujours plus de liberté à chaque inspiration et d’inspiration à chaque expiration. En découle l’adjectif Libspirante. - 1000 !!!
16/04 11h30
Une vidéo parce que je n’ai pas trouvé les mots.
- TFK ?
15/04 à Roubaix.
À la question qu’est-ce que je fais en ce moment, je répondrais que je passe beaucoup de temps, à concevoir l’architecture d’un projet toujours autour de π. J’aimerais réussir à transmettre l’histoire que j’ai en tête : cette idée de passage et de superposition de la réalité physique et de la réalité imaginaire. Dès que j’écris les histoires, que je m’invente avec π, j’ai l’impression de les appauvrir et de les figer. Résultats, je les enfouis dans mon cerveau sans rien en faire. Une énigme encore sans réponse.
- Erreur de transmission
15/04 à Roubaix
Depuis quelques temps, je rentre dans une nouvelle phase, je suis moins une larron en foire à parler à mon fidèle compagnon Ulu, pour laisser place à une partie de moi plus introspective. Alors je ris moins mais ça ne m’empêche pas d’aller très bien. Vivre plutôt que rire. J’ai l’impression que les choses qui se passent sont si intenses qu’il m’est impossible d’y poser des mots
- Les rencontres
15/04 à Roubaix
J’ai rencontré tellement de personnes qui sans le savoir m’ont marqué. C’est eux, qui me font voyager. Je pense particulièrement aux habitants qui m’ont ouvert leur porte. Quel honneur de rentrer, le temps d’une soirée, chez eux. Ces rencontres m’apportent énormément personnellement, résultat, il est pour moi très dur de me détacher de ces moments de vie pour continuer ma route.
J’ai envie d’une fois arrivé au bout de mon chemin de faire le retour et m’arrêter plus longtemps dans les endroits et chez les personnes qui m’ont marqué.
Mais ne serais-ce pas finalement le même chemin ?
- Partir seule
15/04 à Roubaix
Quand on me questionne sur mon voyage, beaucoup de conversations suive le même schéma : un étonnement, l’utilisation du mot « courage », puis s’ensuit sans prévenir une argumentation sur les dangers de voyager en tant que femme seule. De quoi mettre en confiance ! En un mois, ce n’est absolument pas l’expérience que j’en ai eu.
On me demande aussi pourquoi je ne suis pas partie avec quelqu’un. C’est très paradoxale, mais d’un côté, j’ai besoin d’apprendre à compter sur moi. Apprendre à me connaître et à aller mieux seule. Et de l’autre côté, j’ai besoin de partir à la rencontre des autres : comprendre leur vie, leur histoire et apprendre d’eux.
Je passe beaucoup de temps dans les cafés (ça ne change pas trop de ma vie nantaise). Je trouve que c’est une bonne manière de s’imprégner de l’ambiance d’une ville et de lancer sans gêne dans des conversations de comptoir.
Finalement, je n’ai jamais été aussi entourée depuis que je suis seule.
- Je me sens si bien
15/04 à Roubaix
Je suis partie il y a aujourd’hui un mois. Normalement je passe la frontière belge et la barre des 1000 km demain.Je vais bien et même très bien ! Je crois que je ne me suis jamais sentie si longtemps heureuse. Je suis émerveillée par cette sensation de liberté. J’ai l’impression d’apprendre enfin à respirer. (oui, c’est cliché).
Je cherche à comprendre pourquoi je suis bien, mais je n’en ai aucune idée. Je crois que je dois juste profiter. Pourquoi une telle différence entre ma vie sédentaire et nomade ?
J’avoue déjà appréhender le retour. Pourtant, j’ai déjà eu un paquet de galère pendant mon voyage ! J’en ai eu des averses autant physiques que mental, mais à chaque fois, je sais qu’elle passera (et ça, c’est nouveau). Dire que si je remonte 4 mois plus tôt, mon objectif était de réussir à sortir de mon lit chaque matin. Ça me paraît aujourd’hui si loin.
J’ai trouvé ce qui provoque en ce moment l’arrivée de mes nuages mentaux. C’est exclusivement dans les projections. Par exemple, quand je vois qu’il va pleuvoir, toute la matinée j’angoisse dans l’idée de mal vivre ce moment alors qu’une fois que j’y suis, je le vie très bien. Es-ce pareil dans ma vie sédentaire ? Conclusion : vivre l’instant présent (oui, c’est très cliché
- Où suis-je ?
Je partage ce qui moi m’intéresse de partager dans un instant donné.
J’ai conscience que j’ai une tendance à tomber, voire même à sombrer, dans une volonté de performance (enchaîner toujours plus de km). C’est pour cela que je ne partage pas mon trajet et puis finalement ça m’intéresse peu.
Parfois je passe ma journée à rouler. Parfois je déambule à pied et parfois je me pose tout simplement.
Au moment où j’écris, il est 20 h 30 et je suis dans un bar à St-Valéry-sur-somme. J’attends que la nuit tombe pour filer dans mon bivouac de la nuit. Une cabane accessible seulement à pied en face du port.
UPDATE
Voilà le lieu ! J’ai eu la bonne idée de dormir derrière la cabane pour une discrétion optimale. Heureusement que la beauté du levé du jour compense l’humidité et le froid.
- Je suis égoïste
Pendant mon voyage, je suis avare de photos. À beaucoup de moment, j’ai besoin de photographier seulement intérieurement ce qui se passe autour de moi. Ne pas regarder le paysage à travers des pixels ne serait-ce qu’un instant. Prendre conscience de son éphémérité. J’aurais voulu me déconnecter de tout réseaux sociaux mais finalement, je ne le fais pas (encore) car oui, dans les coups de mou, les galères, les moments de solitudes, jai besoin de les partager. Ça transforme une situation difficile en drôle. Es-ce sain comme échappatoire ?
En attendant si vous voulez des vidéos qui se veulent fun suivez-moi sur Instagram: @fannyriom et @rizhome_crea
- Harmonie corps et esprit
Je m’aperçois que j’aime rouler. Enchaîner les km. Découvrir et traverser des paysages. Respirer. Je ne ressens jamais physiquement le besoin de m’arrêter. Heureusement, la beauté des paysages et le dénivelé m’y force. Après tout, pas de jugement à avoir. C’est mon rythme. Mentalement oui. Mais pas celui de mon corps. Je suis partie dans une volonté de me reconnecter corps et esprit (j’ai fait du chemin ces dernières années). Visiblement, il m’en reste. Mon corps commence à souffrir, je ne l’entends pas. Enfaite je ne le ressens pas, trop stimulé par l’extérieur et ma réalité intérieure. Alors mon corps crie de tous les côtés. Tant qu’il est en vie, il crie. De plus en plus fort. Ce n’est qu’une fois paralysé que je comprends le fond de sa douleur. On peut se dire qu’en prendre conscience est déjà une grande étape, mais au vu de ce texte (Le sport nocif) écrit il y a déjà un bout de temps (bien avant sa publication), j’ai encore bien du chemin à faire. Ça tombe bien, je n’ai même pas encore fait que le quart.
- Jamais seule
Jamais seule. On me demande souvent si je n’ai pas peur de voyager seule. Peur des rencontres. Peur de la solitude.
Même seule, je ne suis jamais seule.
Je voyage avec:- Ulu, mon monocycle. On a apprit à se supporter et se comprendre malgré nos bobos respectifs.
- Mon sac à dos qui est toujours avec moi. Il représente Dadou mon grand-père. L’avoir sur le dos à longueur de journée est loin d’être un poids.
- par une coïncidence qui a finalement du sens, mon ami David, plus connu sous le nom de 65. Il est les manivelles de mon monocycle. Et oui, il doit me supporter toute la journée. Quoi qu’il arrive, avec lui tout finit toujours par tourner (pour l’instant)
- Autre coïncidence amical-jeu-de-mot-de-comptoir, Yvan qui représente le vent. Je l’avoue qu’il est parfois un peu bavard et loin d’être avare. Son grand jeu est de tenter de me faire tomber.
- La team Jean-Claude (David,Yvan,Samuel, Romuald et Quentin) dont je porte fièrement le T-shirt. Il me rapelle sans cesse d’être « fière d’être à l’ouest » même en allant vers le nord.
- Un collier qui ne me quitte plus. Il est la trace de ma rencontre avec Pascale: première rencontre de mon voyage. J’y range avec aussi, le souvenir et l’énergie de tous ceux dont j’ai eu la chance de croiser le chemin.
- Toutes les cartes postales que je transporte un temps et que je finis par lâcher (seulement physiquement). Je les envoie à tous ceux qui le souhaite qu’on se connaisse ou non. Ainsi, nous partageons un bout de route et de pensées ensemble.
- Les rencontres sur le chemin aussi petites soit-elles. Quand je roule seule pendant des heures, voir des jours, un simple bonjour, d’un inconnu me redonne de l’énergie pour les kilomètres à venir
Les parties de mon corps qui se personnifient et se sépare plus de jours en jours : Tengo, tendo, Nougo, chedo, auriculo… Écoutez, j’ai beaucoup roulé seule, il faut bien que je m’occupe !
Je ne peux parler de ceux qui m’accompagne sans citer de nouveau Robert, mon premier compagnon de route ! Il m’as même offert son livre qui m’attend chez moi pour voyager de nouveau une fois rentré
- Monotone
Oui parfois la route est monotone.
Pourtant on est pas en automne
Est-ce moi qui suis finalement monotone ?
Parfois c’est aussi mon mono qui tone.
Quand je pars trop dans mes pensées, il me rapelle de me concentrer quitte à mettre mon sonotone.
Donner la forme que je souhaite à mon mono-tone. - Je parle à mon genou
J’ai une technique ! (Sûrement un peu bancale et à utiliser avec parcimonie) Quand j’ai mal à un endroit par exemple au genou droit. Eh bien je dissocie et personnifie chaque partie de mon corps. Ainsi ce n’est plus moi qui souffre, mais seulement Noudo mon genou qui souhaite discuter avec moi. Alors je suis en empathie avec lui, je l’écoute, mais ça ne m’impacte pas.
Je trouve que cette méthode m’aide significativement à supporter la douleur. Elle marche cependant jusqu’à un certain seuil, ce n’est pas non plus magique.
Suis-je légèrement barré ? ? NOOON
- Tendo et Tengo sont sur un mono
Ulu et moi avons fait récemment la connaissance de deux nouveaux voyageurs qui ont accroché avec mes genoux. C’est d’abord Tendo qui a débarqué (il est très bavard celui-là) puis Tengo commence timidement à faire son apparition. Je suis toujours ravie de découvrir de nouveaux compagnons de routes, mais j’avoue ne pas tellement m’entendre avec eux, même si leur propos est intéressant.
Tendo et Tengo de la famille des tendinites aime prendre leur temps. Se poser, observer, contempler. Elles ne s’entendent pas du tout avec Ulu qui lui n’a en ce moment qu’une envie rouler ! Moi, au milieu de tout ça, j’essaye de faire cohabiter tout le monde.Partageant la route avec Ulu depuis plus longtemps, j’ai d’abord pris son partie mettant de côté Tendo et Tengo. Je les ai laissé discuter avec mes genoux (Noudo et Nougo). Mais eux aussi ont fini par en avoir un peu marre surtout Noudo et les disputes ont commencé à être de plus en plus forte.
J’ai donc décidé de m’arrêter un temps. Je marche, me masse et me prélasse avec qu’une envie reprendre la route avant d’être lasse. Que se soit en roulant, en marchant ou même en rampant, j’ai le besoin et l’envie de continuer mon chemin qui je le sens est loin d’être terminé.
PS: oui j’ai essayé de pédaler à un pied pour soulager Noudo. Bien que se soit très amusant j’ai l’étrange sensation que ce n’est pas ma meilleure idée.
- 061
Sur le chemin, je t’ai retrouvé.
Surprise j’ai dû m’arrêter.
Je ne pensais pas te voir ici Sur mon chemin.
On a pris le temps de discuté,
Les adieux ont été déchirant.
Je replonge dans nos souvenirs.
Je dois continuer ma route.
Je te recroise
Encore
Et encore.
Je suis partie pour apprendre le détachement. Toujours ancré et stable, c’est toi qui me suis.
Je ne te fuie pas.
Te voir m’apaise.
Tu me protèges.
Je crois que je t’aime.
En te voyant, je replonge dans notre enfance.
Cet ensemble de clous et de planches
que tu portais fièrement.
La Fafa Cabana.
Tu as fait ton temps.
Tu as disparu.
J’ai pleuré.
N’est-ce pas un bel hommage pour un saule pleureur ?
Ici je suis dans ton pays.
Au milieu de ma madeleine de Proust. - Le rythme
Hier, j’ai enchaîné les montées (entre 6 et 8% pendant accumulés 6 km) et si on rajoute les détours boueux, je marche régulièrement.
J’ai souvent expliqué que le rythme en monocycle est entre la marche et le vélo. C’est d’autant plus vrai que j’alterne avec de la marche dans les passages compliqués. Ça fait du bien de changer de positions, changer de cadence. Marcher me permet de me reposer, profiter du paysage différemment et souvent prendre de la hauteur.
Avec le contre-poids des bagages, pousser mon monocycle n’est pas contraignant. Je vous invite tous à faire de même pendant vos randonnées pédestres plutôt que de porter un sac à dos.
- Contente d’être à boue
J’ai une interrogation : pourquoi à chaque fois que je me trompe de chemin je finis par patauger dans la boue ? (Je tombe dans le panneau à chaque fois)
C’est toujours la même chose, au début, je me dit chouette, un peu de cross : j’ai le monocycle pour. (j’oublie alors mon chargement) Ensuite je m’embourbe et chute afin de me fondre dans le paysage, sous les rires muets d’Ulu et je finis par une séance d’escalade glissante.
Il y a quelques jours, après plusieurs kilomètres de montées dans la boue (à râler), je me retrouve face à deux arbres qui me coupent le chemin. Merci la tempête ! Faire demi-tour n’est pas une option pour moi. C’est là (entre des milliers d’autres raisons) que le monocycle à un grand intérêt. Léger et habile que nous sommes, nous escaladons (avec difficulté) l’obstacle !
Mais pourquoi après avoir pesté, je suis tout de même contente de mes sorties de sentiers ? Déjà, c’est toujours avec grande joie que je retrouve les routes et ensuite, j’accède à des espaces sauvages magnifiques entourés d’oiseaux, de lièvres et d’écureuils.
Alors vive la boue !
- Demain, dès l’aube, Victor Hugo, 1856
- Ulu est crevé !
Déjà qui est Ulu? Ulu c’est mon magnifique, inspirant, rocambolesque monocycle. Son nom complet est Hurluberlue en référence au surnom que m’as donné Robert pendant mon voyage.
Nous sommes vendredi 24 mars au matin, cette fois personne pour m’accompagner nous sommes seulement le vent, Ulu et moi. Dans un premier temps, on a du mal à s’entendre avec le vent. Souvent à contresens de nos opinions. Et puis il ne nous laisse jamais parler. Vent se calme enfin puis c’est Ulu qui décide de faire son intéressant. Il craque de la manivelle droite… ça m’inquiète.
On laisse tout nos tracas de côtés et on monte, on monte, on monte. Jusqu’à Domfront. Un café et c’est repartie !
Vent en avait sûrement marre de notre compagnie, il appela alors deux de ses potes pluie torrentielle et grêle. C’est à ce moment que Ulu n’en peux plus. Il roule dans un clou et me dit qu’il est crevé. Il veut s’arrêter. Je n’aime pas le chantage !
Sous la pluie, je change sa chambre à aire et au moment de la regonfler, ma pompe reste coincée.
Eh bien, c’est Ulu qui gagne ce premier conflit, me voilà obligée de le porter jusqu’au réparateur. Nouvelle chambre à aire, nouvelle pompe et journée écourtée, Ulu est content de nouveau !
Le vlog d’une partie de ces péripéties : @fannyriom
- Bobo à Gogo !
J1: une ronce me marque la jambe
J2: une tendinite au genou fait son apparition
J5: En forme tout va bien, le sol est plat. Puis mon corps décide de faire le plat ! Mon compagnon de route et un coureur sont paniqué par ma chute parait-il impressionnante. Ils me forcent à me poser pour faire un point. Pantalon déchiqueté, genou écorchés, c’est tout ! Ma tête a tout de même frappée le sol, première fois que mon casque me sert !
Comme quoi TOUJOURS ROULER AVEC UN CASQUE (cette phrase s’adresse à moi-même)
Je décide de me poser une journée sans m’en apercevoir je dois commencer à me fatiguer à force de suivre des vélos ! À froid, je m’aperçois de douleurs cervicales. Mon petit doigt de la main droite est douloureux, gonfle et un peu bleu. Je suspecte une entorse !
Beau palmarès en 6 jours ? En tout cas tout va bien moralement et rien de grave. Contente de me poser pour prendre le temps, visiter, écrire, me promener et bientôt reprendre la route !
- Projections erronées
Grande découverte !
Finalement, (pour l’instant), j’adore les montées ! ! Je ne sais pas par quel mystère de la physique, mais j’ai l’impression que la répartition du poids par l’arrière m’aide (une sorte d’effet placebo).
Ou peut être que je suis plus entraîné que ce que je pensais ? Ou peut être que c’est grâce à la motivation du début ?
PAR CONTRE, je haïs les descentes ! Sans freins, retenir la roue me demande de la force que je n’ai pas. Après 2 jours mon genou droit me fait la gueule ! Autre projection erronée, mon rythme n’est pas si lent que ça. Entre 13 et 14 km/h j’ai pour l’instant le même rythme que les vélos. Je me fais doubler dans les descentes, mais je double dans les montées. J’ai un rythme assez régulier et n’ai jamais vraiment besoin de pause. Résultats je peux partager des bouts de routes avec des cyclo-voyageurs !
- Les rencontres en chemin
6 (scie) jours que je suis partie.
Pourtant, je n’ai pas encore été seule. Déjà de si belles rencontres. C’est trop pour être réelle. Trop fort, trop intense. Chaque mot échangé me marque. J’ai envie de me souvenir de tout. Pourtant, je sais qu’une partie s’effacera.
Alors j’écris. J’écris et je bloque. Je ne sais pas comment articuler les mots et les sensations ensemble.
Un passage à Varrade chez Pascale sonne le début de mon aventure. Le temps d’un café, nos conversations me donne de l’énergie et de l’envie pour avancer. Je repars avec un cadeau de sa part. Un collier qui toujours autour de mon cou me rappelle pourquoi je voyage.
D’Angers à Laval, Robert alias Du con 49 m’accompagne pendant 2 jours. Avec 50 ans d’écart, on forme un duo de choc ! On apprend à se connaître au fil des coups de pédales et on se pousse sans le vouloir à enchaîner les kilomètres à un bon rythme. Il me raconte ses nombreuses aventures et me contes les histoires qu’il a écrites. Il me nomme Uluberlue… Encore une dose d’inspiration et d’envie ! Les au revoir ont été difficiles.
Sur le chemin, nous rencontrons Jeff, aussi en voyage de Nantes au Cap nord à vélo ! Tous ensemble, nous nous retrouvons chez des amies de Robert enfin Du con 49, Dominique et Isabelle. Dominique est éclusier, l’occasion d’en apprendre plus sur ce monde que je ne connais pas. Un accueil touchant et chaleureux. J’ai alors la chance de dormir dans une maison d’éclusier !
Le lendemain, on reprend la route avec Jeff, de Laval à Mayenne. 40 km dans la matinée à discuter non stop ! En pédalant, on lâche prise, se confie et rapidement les conversations deviennent profonde et me donne des pistes de réflexions. Je m’arrête quelques jours à Mayenne et laisse partir Jeff. Encore une rencontre importante pour moi, encore des au revoir. Je garde un 85 en souvenir. Nous nous recroiserons peut-être au Cap nord qui sait !
Scie (6) jours que je suis partie. Et c’est mon premier jour seule. Jour de repos. Jour pour me laisser intégrer toutes ces rencontres.
- JDB J1 : départ, boue et bruits bizarre
Je me fais réveiller par un bruit régulier, la pluie.
Il faut que je sorte de mon lit pour commencer mon aventure. J’ai un peu peur.
Commencer par de la pluie… Pas besoin de vérifier si j’ai oublié quelque chose. Je sais que je suis prête. Depuis longtemps.
Sous la pluie battante je pars. Bien équipée je suis si heureuse sous la pluie ! Je me rends pas encore compte qu’après plus d’un an de préparation je pars vraiment. JE LE FAIS.
Une fois au départ, je me retrouve plongée au milieu d’une bienveillance déconcertante. Sous la pluie, pleins de gens sont là autour de moi pour me donner de la force dans cette aventure. Un départ très émouvant. Quelque motivé.es m’accompagnent jusqu’à la pause midi. Puis nous continuons seules avec mon papa.
Tel un sage, au moment de s’en aller mon ami François nous dit » vous aller voir la suite est boueuse « .
Pour une fois, il dit vrai. Nous voilà sous la pluie battante à pédaler dans la semoule. Puis la route est bloquée, il y a un chemin provisoire qui nous dévie. Après analyse de la situation nous trouvons un raccourci. Nous commençons à avoir la mentalité de voyageurs chevronnés. Nous savons où aller qu’importe ce que nous disent les panneaux !……
Bon sur la carte c’était une bonne idée un petit chemin nous permet de faire bien 10 km de moins et en plus il a l’aire sympa en pleine forêt ! De la boue toujours de la boue. De plus en plus compliqué pour moi de rouler. Mon père prend fièrement de l’avance. Puis retour de médailles ça monte. Mais ça monte beaucoup. À tel point que même à pied il est difficile de ne pas glisser. Nous voilà donc à pousser sur des kilomètres (en tout cas dans notre ressentie) nos montures.
Alors on me demande souvent quel est l’avantage du monocycle par rapport au vélo .
Et bien dans cette situation avoir un moyen de déplacement si facile à pousser est un grand luxe. (mais non le monocycle n’est pas avantageux seulement à pied quand on le pousse !).
Que de liberté que de rouler sans se préoccuper du nombre de kilomètres. S’arrêter quand on le veut. Quand on en ressent l’envie.
On trouve au bord de la Loire une petite île, où nous décidons de nous arrêter. Après avoir enchaîné les passages pluvieux, il n’y a rien de mieux que de prendre l’apéro les pieds dans l’eau (froide) au soleil. Premier bivouac du voyage, FAIT ! n’empêche que seule ça doit être une autre histoire… Affaire à suivre.
J’ai hâte d’être demain et d’entamer une nouvelle journée. Et en même temps le maintenant me stimule tout autant. Juste écrire. Ensuite juste dormir. Finalement faire juste ce dont j’ai besoin.
À l’heure, où j’écris j’entends des bruits autour de moi. Je sens que ça nage. Je sors la tête de ma tente et pointe ma lampe torche à l’horizon. Je vois seulement des yeux ressortir.
Plus loin, des vagues. Un animal vient sûrement de plonger
Dans le noir impossible d’en savoir plus. Je peux tout imaginer (ça tombe bien, j’aime bien ça).
Un poisson ou un signe ? 38 ou 063 ? Peut-être bien une 82 mais sûrement pas un 069 ! - 18 mars 10:00
Je suis partie !!!
- 17-03 : mon trajet MAJ
De Nantes à Stockholm: 2400 km
De Stockholm au Capnord: 2641 kmAttention le nombre km par jours ne sont pas représentatif et tout peut changer à tout moment 🙂
- Zone de confort
Je me rends compte que j’ai besoin d’un rythme. Tous les jours des routines. M’organiser.
Pourtant, la routine surtout dans le monde professionnel m’angoisse. J’ai l’impression d’avoir besoin de travailler sur plusieurs choses en même temps et de varier continuellement. Pouvoir me permettre de passer du coq à l’âne !
Mais j’aime connaître mon environnement, aller toujours aux mêmes endroits, connaître les gens qui m’entourent.Cette quête de liberté vagabonde n’est-elle donc pas contradictoire ?
- Un bout de papier sur mon frigo
Sur mon frigo trône une ordonnance avec les indications suivantes:
Lever 9H
- Se doucher – s’habiller
- Café
- 1/2 sport + méditation
- 1 documentaire + fiche de lecture
- Aller marcher
Déjeuner - Sieste pas plus de 60 min
- Lire 15 min
- faire du monocycle
Diner
Voir des amis
Ce papier me semble aujourd’hui fou. Pourquoi ai-je eu besoin d’avoir sous mon regard tous les jours un tel programme ?
J’espère n’avoir plus jamais besoin de l’utiliser. Il est tout de même important pour moi de le garder comme trace de mon chemin parcouru. Dire qu’à une période réalisée ces était pour moi un défi !N’empêche que je valide la prescription de faire du monocycle !
(ça je vais bien l’appliquer ces prochains mois) - Trop de projections
Depuis le début de ce projet, j’ai écrit ici 48 textes qui retrace mes projections. Un peu excessif ?
Je me rends compte que j’ai eu dans cette période beaucoup de peur, d’envies. J’ai l’impression d’avoir épluché toutes les éventualités possibles. Comme si finalement mon voyage je l’avais déjà fait.
Pourtant je sais que c’est loin d’être le cas.
J’essaye maintenant de me concentrer sur l’instant présent et de ne plus cherché à tout contrôler. Me laisser porter.
À force d’imaginer dans ma tête toutes les possibilités, j’ai peur de vivre cette aventure moins intensément. De ne pas me laisser surprendre.
J’ai l’impression que c’est une peur bien irrationnelle !
À force de conviction, j’ai la sensation que mon voyage sera intéressant surtout dans les bifurcations de mon chemin initiale. Qui passera surement par les Alea (aparté mais café nantais que je conseil fortement).Quand il fait beau, j’ai soif d’aventure, je me sens capable de tout.
Quand il pleut, j’ai peur, tout me paraît insurmontable.
Finalement, c’est peut-être sous la pluie que le plus fou arrivera. - Changement de tracé
Je me projette sûrement déjà trop.
À force de discussions, j’affine mon itinéraire. Il s’allonge de plus en plus !
Finalement je pense qu’il prendra forme au fur-à-mesure. - J-09
Note:
23h08 07/03
C’EST BON JE FLIPPE11h04 08/03
Enfaite j’ai hâte !!15h22 08/03
Je flippe un peu quand même19h03 08/03
Plus du tout !! - Le voyage à déjà mentalement commencé
Depuis que je commence à parler de mon projet et le départ approchant, j’ai eu l’occasion de discuter avec beaucoup de personnes…
J’ai l’impression de déjà avoir commencé mon voyage !
Entouré, de témoignages touchants, motivant, de conseils et de proposition de logements, je n’ai qu’une hâte commencer ou plutôt continuer mon chemin. - Entraînement Déboussolant
Suite de Une idée déboussolante et de Projet déboussolante la suite
Ce projet me tourne toujours au-dessus de la tête .
J’ai décidé de l’expérimenter le temps d’un entraînement avec les décimales 1415 9265.
J’ai donc roulé 1 km en essayant d’être au maximum à 415° et ensuite 9 km à 265°.
Des découvertes surprenantes! Déjà π m’a fait tourner en rond. Ensuite il m’a amené sur le trajet que je vais effectuer dans maintenant 11 jours…
Une manière de se promener super stimulante ! (au moins sur un temps court).
Pas besoin de se préoccuper du chemin, je me laisse seulement guider par les chiffres que j’ai en tête. - Préparation d’écritures
En ce moment, je dépoussière des projets d’écriture que j’aimerais potentiellement reprendre en roulant. Un retour possible de la Poulotopie ?
C’est surtout un de mes projets en jachère depuis un an qui occupe mes journées: « la grande histoire de π ». (un des points de départ de mon projet: une rencontre mémorable)
Il consiste à romancer les histoires que je me raconte pour mémoriser π.
MAIS J’AI UN PROBLÈME!
J’apprends π par groupes de 2 :
14 15 92 65 35 89 79 32 38 46 26 43 38 32 79
et chaque chiffre de 0 à 99 sont reliée à des images (technique de la table de rappel). C’est avec cet enchaînement d’images que je me crée des histoires.
Ayant fait cet exercice sur plus de 600 décimales, je suis toujours étonnée de voir la variété des intrigues qui se créent avec seulement un assemblage de 100 images différentes.
Cependant, j’ai mis en place mon système il y a maintenant 10 ans et je commence à légèrement me lasser de retrouver toujours les mêmes personnages et objets: M.Sécateur, les truites, les téléporteurs, les chouquettes etc.
J’aimerais mettre en place un nouveau système qui complète celui que j’utilise tout en lui donnant plus de profondeur.
DONC…
J’ai décidé de créer une autre table de rappels en associant des chiffres de 0 à 999. Cela me permet de créer plus d’images et d’apprendre aussi les chiffres plus rapidement (par groupes de 3).
Ce qui donne:
141 592 653 589 793 238 462 643 383 279.
(10 images à mémoriser contre 30 pour le système par 2)Ensuite j’associe et superpose ces deux manières d’apprendre π (par 2 et par 3) pour créer mes histoires. L’intérêt c’est que ça me donne une base de récurrences avec les éléments qui reviennent souvent (1 / 100) et d’autres éléments qui viennent compléter de manière plus ponctuelle (1 /1000)
Pour résumer, une fois l’architecture de mon nouveau système mis en place, je vais apprendre π de 2 manières différentes (pour 2 fois plus de fun)……
Voici un condensé de mon histoire brute pour les 30 premières décimales;
Une créature sans bras ni jambe est très énervée. Elle est portée à bout de bras par un King-Kong vampire. J’ai peur. Alors qu’il s’apprête à m’anéantir tout s’arrête. J’entends une voix: « du calme, du calme ». Le calme règne de nouveau. J’entends seulement le cliquetis régulier du train. Au loin je l’observe et il tourne maintenant sur lui-même comme s’il n’était qu’une attraction de manège Un vieil homme à actionner une manivelle raccrochée au rien. Le temps est comme rembobiné mais seulement au niveau de la créature. Il recule, recule de plus en plus. De plus en plus vite. Jusqu’à disparaître.
J’entrevois maintenant une cascade qui sort d’une gourde. Le flux est extrêmement puissant comme si c’était finalement un Karcher. Puis une forme massive sort de la gourde. Un sécateur ! Il parle et ne semble pas très sympathique surtout qu’il me menace avec un sabre laser. Je le fuis et passe à travers la cascade qui est enfaîte un téléporteur. De l’autre côté, prise dans un filet j’observe une truite qui est chevauchée par une fourmi qui crie « YIHA ». Elle fait du rodéo. L’eau devient soudainement jaune et a un drôle de goût, c’est du pastis! Il est déversé par une foire sur la côte par un clown triste. Cette pollution a pour conséquence la mort de milliers de truites. Un massacre. Un nouveau téléporteur me permet de fuir. De l’autre côté de nouveau M. Sécateur cette fois avec un bazooka…
La suite dans les 30 prochaines décimales.Voilà ce que je me raconte pour mémoriser π de ces deux manières !
À voir si ce projet va évoluer pendant ce temps hors du temps que je m’accorde. - S’entraîner ou intellectualiser? En quête d’entraîctualisation.
Dans la préparation de mon projet, j’ai deux phases principale qui s’alterne. Des temps où j’écris et je tente de philosopher seule. De la philosophie de comptoir entendons-nous (littéralement vue que je passe mon temps dans les cafés.) J’y passe des journées.
Plein d’idées en tête j’ai besoin de les encrer pour avoir suffisamment d’espace mental pour les prochaines.
Pendant ces temps là, je m’entraîne avec difficulté. Trop déconnecté de mon corps, je suis incapable de me motiver à faire des efforts physiques
Rouler avec mes bagages ? FLEMME.
Faire 30 bornes ? FLEMME.
Ça commence bien… Heureusement que j’utilise au moins mon monocycle en moyen de transport tout les jours.
Ensuite, j’ai des phases plus active. Je roule avec l’impression d’être vivante. Je respire autant que je transpire. Je ressens tout mon corps et évacue les émotions pesantes en enchaînant les kilomètres.
Je pense que je voyage tout de même dans mes pensées mais sans trop m’y focaliser.
Dans ces phases là, je suis plutôt dans l’optimisation et le concret: quel rythme, quel position, quel choix de vêtements, bagages…
J’émets l’hypothèse que cet état d’esprit peut prendre le dessus pendant mon voyage.
L’un de mes enjeux est peut-être justement de réunir ces deux états d’esprits.
Quand j’écris ce genre de choses je ne suis pas très sûr de mes propos. J’aborde ces sujets justement dans des phases de réflexions. Comment être objective ? Je me demande aussi parfois si je suis sincère dans ce que je ressent. Suis-je sincère ? - Suis-je sincère ?
Un voyage inventé
Des maux inexistants.
Tout ça pour faire parler.
Tricher ses sentiments, camoufler ses réalités.
Peut-on faire semblant d’être ?
Peut-on mentir sur ce qu’on ressent ? Se mentir.Ou est-ce que se poser la question de sa sincérité envers soi-même n’est pas justement une manière de ne pas s’assumer ?
- Réalité imaginaire
En ce moment, je dors beaucoup. Mais beaucoup beaucoup !
Je dors – J’écris – Je dors.
Je suis fatigué soit mais ce n’est pas tout. Dormir ou somnoler est pour moi une manière de me plonger dans mon univers mental.
Ça me passionne tellement, que je n’ai qu’une hâte, y retourner et continuer mes histoires.
Quand je me réveille, je cherche à me rendormir. Il m’arrive même de commencer ma journée en attendant qu’elle se termine… Ça peut paraître préoccupant. Ça demande vigilance de ne pas s’y perdre mais tant que ça me rend bien et que ça ne dure pas, il n’y a pas d’inquiétude à avoir.
Est-ce une manière de fuir la réalité ? Je ne pense pas, plutôt un lâcher prise créatif.
Je me pose souvent cette question : pourquoi la réalité physique serait plus réelle que la réalité imaginaire ?
On peut se dire qu’au lieu que l’imaginaire sert à nourrir la réalité c’est plutôt vivre la réalité qui à pour but de développer son imaginaire.
Une alternance entre les deux peut-être.
Le problème de cet état d’esprit c’est que vivre dans son monde isole et peut-être qu’il développe aussi une vision autocentrée et individualiste.
À force d’isolement, on risque de ne plus rien vivre dans la réalité physique. Un cercle vicieux qui au contraire amène à appauvrir son univers mental.
N’empêche qu’il y a pour moi un côté rassurant de me plonger dans mon mental. Je ne m’ennuie pas et ça deviens ma zone de confort qu’importe dans quelle situation je suis. Par la pensée, je retrouve un chez moi.
Et si c’était ça une manière de se sentir chez soi partout. - ??/07/21
Mon envie de voyager est née d’un voyage itinérant que j’ai fait l’été 2021. En pleine phase dépressive et en cours de diagnostic, j’étais incapable de faire quoi que ce soit à part dormir.
Sans savoir pourquoi j’ai eu soudainement envie de partir seule pendant une semaine faire une partie de la Loire à vélo. Une première expérience qui m’a permis le temps d’une parenthèse de reprendre mon quotidien en main.En fouillant dans mon carnet, je suis retombé sur un écrit du 3ème jour:
« Sous la pluie, sous la boue c’est là qu’on profite des éclaircies. […]
Dans ma tente, je suis dans ma zone de confort, dans mon chez moi. Je me sens bien. Plus rien n’existe en dehors de mon cocon. Je me sens mieux. Je me sens vivante. Obliger de me gérer. Je profite à nouveau des petits bonheurs quotidiens. »Voilà l’état que j’ai envie de retrouver et d’expérimenter sur du voyage long !
- Écho du passé
J’ai retrouvé ces textes mais j’en ai perdu le contexte. Il ne concerne pas ce projet mais ils y font finalement déjà écho.
On y revient toujours au même point: je tourne en rond« APRÈS ?
Créer.
Alors que mon projet se dessine, je me rend compte qu’il a toujours été là. Une évidence. Parenthèse et respiration.
Laisser les maux se transformer en mots.J’écris. J’attends. J’écris et je me tends.
Une urgence latente
Qui s’écrie sous tente.
À chaque pas le projet s’éloigne. Il prend peur.
Je prends peur .À chaque parole, le projet prend ancre
et encre.
Il devient alors réalité.
J’apprends le silence.
S’effacer, écouter, observer, contempler.
——Parfois je regarde dans un axe, tout est beau, une infinité de possibilités (π). Parfois je pivote et plus rien.
Des ombres me bloquent la vue. Un besoin de lunettes mentales. Tout est si friable que je n’ose pas m’en approcher.
Et si tout était plutôt malléable ?
Impulser une direction. Continuer. Rester en mouvement quoi qu’il arrive. Parfois, j’essaye de mettre de la lumière sur ces ombres, mais je n’y arrive pas, elle s’efface. J’aimerais me retrouver en face d’elle. Les affronter. Et si c’était elle qui avait peur ? Elles me fuient. Se terre au fond de mes angoisses. prêtent à me sauter dessus. Un jour, je trouverais de quoi vous êtes l’ombre et je le ferrais disparaitre pour que ne soyez plus que l’ombre de vous-même. » - Syndrôme du poisson rouge
J’ai l’impression de tourner un rond.
De toujours dire la même chose.
Est-ce ça la malédiction de π ?
En écrivant je tourne sans jamais repasser par le même point.
Une spirale infinie.
Et même ce texte, j’ai l’impression de l’avoir déjà écrit(après recherche approfondie dans mes carnets: effectivement.
» Balancer de nouveau des mots. Les laisser s’accumuler. Comme un besoin vital. Inépuisable. Je suis là en face de moi. Une fuite inépuisable. Trouver la bonne musique. Je tourne en rond, toujours la même chose. Pourtant je ne passe jamais par le même endroit. J’avance en spirale. ») - Projet déboussolante la suite
Je dérive encore et toujours… Aparté sur mon idée déboussolante.
Je me suis amusée à calcule combien de décimales de π, je devrais mémoriser pour mon nouveau projet de voyage pour une semaine.(Pour comprendre de quoi je parle lire cet article)
- J1 mémorisation de 44 décimales = 44 km (coïncidence folle)
- J2 mémorisation de 52 décimales = 44 km (encore !)
- J3 mémorisation de 32 décimales = 49 km
- J4 mémorisation de 44 décimales = 45 km (toujours 44…)
- J5 mémorisation de 32 décimales = 50 km (le 32 rattrape le 44)
- J6 mémorisation de 44 décimales = 47 km (un 44 de plus !)
- J7 mémorisation de 40 décimales = 35 km
Récapitulatif pour 7 jours de randonnées:
300 décimales à mémoriser pour 314 km (3.14 !!!)SUIS-JE LA SEULE À TROUVER ÇA FOU ???
π me surprendra toujours… - Réflexion cocasso-paradoxale
Dans ma tête, j’aime être haute, quand l’énergie augmente et les idées fusent.
Dans le monde physique, j’ai le vertige et je hais (pas le buisson) les montées. - La boussolothérapie
J’ai décidé de partir au Nord sans savoir vraiment pourquoi.
Maintenant, je m’interroge. Quel est le sens ?
Grâce à une réflexion de Gérard Bastide, j’ai de nouveaux éléments de réponses potentielles. Son raisonnement m’amuse et est d’une grande cohérence (alors que je n’avais jamais vu les choses sous cet angle).
J’assume tout juste ce terme : Bipolaire. Tous les jours, je cherche à comprendre ce que ça signifie réellement pour moi, à l’accepter et à vivre avec. C’est dans ce contexte, que je pars en quête d’un pôle pour apprendre à me comprendre.
Et-si c’était pour moi une manière d’atteindre une unicité ?
Vais-je devoir ensuite partir en quête du sud ?
Vais-je m’apercevoir que finalement je suis quadripolaire ?
(dans ce cas-là, je vais devoir partir aussi à l’est et à l’ouest)Merci à Gérard Bastide pour ce cheminement de pensé et je vous invite à son livre l’Intrépide Centripète à la recherche du Centre qui m’a profondément marqué.
- Instable stable table
Une tente qui tente de dormir dans une tente
Stable.
Un roulement qui veut devenir carré
Instable.
Un porte bagage avec un porte bagage
Stable.
Une clé Allen ayant mauvaise haleine
Instable.
Une gourde qui sait trouver de l’eau
Stable.
Un casque assumant sa fragilité
Instable.
Un carnet qui écrit sans relâche
Stable.
Un livre qui refuse de se lire
Instable.
Des lacets qui ne se lasse jamais
Stable.
Un matelas dégonflé
Instable.
Une bipolaire qui cherche son équilibre sur un monocycle
Table.En mémoire au projet terre plate avec Perrine Lechevalier
- Écrire en voyageant
Aurais-je l’énergie mentale pour créer entre mes coups de pédale sans les perdre* ?
*oui j’ai déjà littéralement perdu une pédale dans les rues de Paris
- Peur de rien
J’ai peur de m’arrêter
J’ai peur de continuer.
J’ai peur d’être
J’ai peur de disparaitre.
J’ai peur de l’euphorie
J’ai peur de la dysphorie.
J’ai peur de l’imprévue
J’ai peur de l’attendu.
J’ai peur de trop me projeter
J’ai peur de rentrer sans idées.
J’ai peur du rien
J’ai peur du plein.
J’ai peur de trop philosopher
J’ai peur de la futilité.
J’ai peur de l’isolement
J’ai peur de l’attachement.
J’ai peur de l’abstrait
J’ai peur du concret.J’ai peur de la vie
J’ai peur de la mort. - #15 JDB
Ressenti du moment En roulant, j’ai pris conscience.
Conscience de mon corps.
Conscience de ma respiration.
Soudainement entre deux coups de pédale, je me suis rendu compte que j’étais bien. Une sensation si simple et pourtant parfois si fragile.J’aime beaucoup le concept.