Rugueux, il sort de terre pour nous éblouir de sa couleur. Il semble à la fois vieux et jeune. Intemporel. Toujours élégant avec ses mèches vertes, il ravive la terre. Il lui donne de la couleur, de la saveur. Jusqu’au moment où il se retrouve déraciné. Emportant au passage tout ce qui l’entoure. Son univers. Lui, qui n’était que couleurs protégé dans son cocon, découvre le gris. Un gris éblouissant. Un gris violent. Il comprend alors que la légende disait vrai. Aussi intemporel soit il, il se dessèche. Un croc, deux crocs, trois crocs. Il n’est plus. Seule trace de son existence passée, sa magnifique touffe verte qui s’enfonce en terre. Une lueur colorée finit alors par envahir la sombreur des profondeurs. Touffe finit par refaire surface. Tout le monde se souvient alors de l’histoire de Carotte. De ce qu’il allait arrivée à Carotte. Carotte n’est pas Carotte et à force de se déraciner, Carotte n’est pas aussi vaillant que Carotte. Et Carotte l’est encore moins. Un jours viendra où Carotte ne sera plus et ce malgré la pluie.